OASIS, 1991-2009



Depuis les débuts du groupe Mancunien en 1991, la presse "musicale" française, se voulant représentante d'une certaine Inteligencia de bobos parisiens, a méprisé Oasis (eux les prolos de Manchester, davantage chaussés de baskets cheap que de Repettos) en accordant plus d'importance aux frasques des frères Gallagher qui se retrouvaient en couverture des tabloïds Outre-Manche tous les deux jours, qu'à leur apport à la musique. Encore heureux, elle reconnait la place majeure qu'ont eu Definitely Maybe et Morning Glory sur la scène musicale de la décennie 1990, mais ça lui écorche presque la gueule.

Samedi dernier, 29 août, soit lendemain de l'annonce de l'annulation du concert qu'Oasis devait donner à Rock en Seine le soir même, Noel Gallagher révélant son départ du groupe au même moment, dans les kiosques, on se retrouve donc avec beaucoup d'articles du type :
"Les sales gosses d'Oasis gâchent la fête à Rock En Seine" (Le Monde)
"Oasis se saborde à Rock En Seine" (Ouest France),
"Oasis survivra-t-il à l'annulation de Rock En Seine ?" (Les Inrocks), et le meilleur pour la fin : "Séparation d'Oasis: pas vraiment une grosse perte" (Le Point).
Le seul article dénué de subjectivité people primaire revient à Libération.

La séparation du groupe, un choc. Ou presque.

J'étais à Rock En Seine vendredi soir, ou plutôt, je n'étais à Rock En Seine vendredi soir que pour voir Oasis. Il m'a fallu une heure suite à l'annonce de l'annulation du concert pour réaliser que c'était bien vrai ; pas une sorte de blague de l'organisation du festival, ou de moyen plus ou moins douteux pour "chauffer" le public.
Tout ce temps pour prendre la mesure de la chose, justement parce que, contrairement à ce que clame la presse (qui semble davantage être people que musicale), Liam Gallagher, l'impulsif, n'a plus 25 ans et ne s'amuse plus à se défoncer à l'alcool ou autres substances poudreuses avant d'entrer sur scène (malgré la religion sex, drugs & rock'n'roll bien commune aux groupes de rock, il y a une (seule) règle qui règne depuis longtemps dans le groupe d'après Liam : "Chez Oasis, on ne prend jamais rien avant de monter sur scène. Le concert c'est sacré: on ne peut pas se permettre d'être défoncés") ou à annuler un concert sur un coup de tête (heureusement pour nous, Amy Winehouse, les Horrors et Peter Doherty assurent la relève... quoi qu'il semblerait même que le vieux Doherty soit devenu responsable sur ce sujet). Donc la décision d'annuler un concert, lorsqu'elle vient d'un groupe de l'envergure d'Oasis, ne peut désormais être prise à la légère.
Aussi crétins, comme les gens aiment les décrire, qu'ils puissent (hypothétiquement) être, les Gallagher ont tout de même du respect pour leur public et n'ont pas annulé les concerts à tours de bras à cause de petits caprices ces dix dernières années (derniers concerts annulés : V Festival 2009 à cause d'une laryngite (d'après la source officielle), ainsi que trois concerts après que Noel se soit fait aggresser sur scène à Toronto, il y a un an).

Depuis deux mois, les deux frères ne s'adressaient plus la parole. La raison à cela, Noel qui voulait mettre en pause Oasis pour se consacrer aux prémices d'une carrière (et donc d'un album) solo, projet qui lui trottait dans la tête depuis pas mal d'années déjà. Seulement, et c'était prévisible, ça ne plait pas vraiment à Liam, qui, il faut bien le dire, même s'il excelle dans le rôle de chanteur/leader d'Oasis, ne sait pas faire grand chose d'autre, artistiquement parlant, et il l'a lui-même dit : "Il n'y a aucun talent à avoir pour devenir chanteur de rock. Tu montes sur scène, tu te plantes dans le micro, et puis c'est tout."



Un coup médiatique ?

Encore moins. Oasis a atteint tous les sommets, et même si le plus haut de ceux-ci est derrière eux, la légende est là ; ils n'ont aucun besoin d'un coup de main de la presse pour vendre des millions d'albums ou réaliser une tournée mondiale à guichets fermés dans les plus grands stades et zéniths. Les anglais ont élu en 2006 Definitely Maybe meilleur album britannique de tous les temps. Devant les Beatles. Devant les Stones. Devant les Who. Devant les Kinks, etc... Inutile donc de tenter de mettre cette énième dispute et cette séparation sur le dos d'une lamentable tentative de regain de popularité...

La finale dissolution d'Oasis marque la fin d'un grand groupe, même si certains albums dernièrement sortis et loin d'être brillants avaient bien fait comprendre que le meilleur était très certainement derrière eux (Standing On The Shoulder Of Giants, Heathen Chemistry et Don't Believe The Truth... Même si Dig Out Your Soul relevait un peu le tout en apportant un renouveau musical au groupe.)

Definitely définitif ?

On ne peut pas savoir si c'est vraiment définitif : il se pourrait tout à fait que dans quelques années, on revoit les deux frères ensemble sur une scène. Après tout, Liam a beau aujourd'hui clamer qu'il faut "plus que des liens du sang pour être son frère", il a quand même partagé toute sa vie, aussi bien personnelle que professionnelle avec son frère, d'une manière plus proche et plus exclusive que les autres frères de sang. Il n'est en effet pas donné à tout le monde d'atteindre le statut de plus grand groupe du monde en exercice, de faire le tour du globe sur dix-huit ans et d'être ovationné par les foules en accomplissant des tournées à guichets fermés un peu partout.
La seule chose certaine est que la réconciliation, ou tout du moins la reformation, n'est pas pour tout de suite. Noel l'a dit lui même : il ne peut plus continuer à travailler avec Liam. Le temps où Noel affirmait : "ce que les gens ne semblent pas comprendre, c'est que Liam et moi pouvons nous battre comme des chiens puis être les meilleurs amis du monde deux minutes plus tard. En vérité, on pourrait mourir l'un pour l'autre" semble bien loin...



Le point positif de cette séparation, c'est bien évidemment le départ d'une carrière solo de Noel Gallagher, qui semble être envisagée depuis pas loin de six ans maintenant, et éventuellement, la possibilité d'un buzz autour de l'ensemble de la carrière du groupe, et que, dorénavant, à la question "ah ouais tu aimes Oasis ? C'est lequel le meilleur album selon toi, Definitely Maybe ou (What's The Story) Morning Glory ?", on n'entende plus jamais "hein ? ah mais je connais que Wonderwall moi..."

L'avenir du deuxième Gallagher reste assez flou : Liam serait-il capable de monter un autre groupe ? Après le succès et l'influence qu'a eu Oasis sur toute une génération de personnes et de groupes, c'est difficile à concevoir. Cela dit, en guise d'ultime provocation envers son frère, tête pensante et coeur d'Oasis, il en serait bien capable... Rendez-vous dans cinq ans pour faire le point, somme toute.

1 commentaires:

jicetheone a dit…

Quel plaisir de parcourir le web à la recherche de post interessant sur la "fin" d'oasis et de tomber sur celui-ci.En effet,je suis totalement d'accord avec toi sur le fait que la soi disant presse musicale française n'ai jamais accordé la place qu'oasis méritait dans leurs fucking canards.
La raison en était toute simple.
Des les premieres interview de 93-94 les journaleux parisiens bobos dans leurs rares interviews réclamés aux groupes se faisaient littéralement fusillés par les frangins sourcillés(voir un des inrock 94:
inrck:Liam, on dirait que tu as peurs d'ecrires des chansons?
liam:Moi peur? (il appelle son garde du corps qui inspire de la peur à notre auteur blabla.....)
le mec des inrocks a dut garder son froc en souvenir!
Et toute la presse avait droit à son:
"on est le meilleur du groupe de rock du monde et allez vous faire foutre!"
Bien sur,celà en a enervé plus d'un qui on préféraient vantés les louanges pendant des années de smiths et morrissey,de radiohead,des groupes autistes inconnus au bataillon.Blabla(j'adore aussi ces groupes).
C'était plus simple.
Plus simples pour ces journalistes auteurs frustrés d'exorciser leur effets de styles sur le dos d'artistes torturés et totalement étanches à d'autres mondes.
Pas si facile d'écrire sur un" songbird "ou sur "guess god think i'm abel".
Irait on reproché à U2 cette même "naiveté "d'écriture?
ou maintenant à Coldplay?
Non....
Alors messieurs,mesdames les journaleux et vous jeunes ados ou trentenaires incollables sur les hors series des inrocks je me permets juste de citer ici Paul mathurs des 94:
"Je me fiche de ce que vous pensez si oui ou non Oasis est le plus grand groupe de rock au monde!En tout dans le mien, il l'est."
Fucking Bastards