LE PUBLIC N'A QU'À RESSENTIR LA MUSIQUE


DEERHUNTER
INTERVIEW
14AOUT2009
LA ROUTE DU ROCK


Interview serait peut-être un grand mot pour qualifier cet entretien. Restriction de temps oblige, "mini interview" ou encore "embryon d'interview" convient probablement mieux.
Le fait est qu'un webzine de l'envergure du notre (soit, petit poisson), face à un mag comme Voxpop ou un site web comme Rue89 (soit, gros poissons, au sens figuré comme au propre dans l'un des deux cas), qui parvient à décrocher une interview avec Bradford Cox, le leader de Deerhunter, au même titre que les médias professionnels, qui l'eut cru, cela dérange. Insultes, sobriquets et venin sont certes vexant car faux et parfaitement non fondés, mais ne traduisent finalement qu'une certaine forme d'envie et de mépris qui régnait, il faut le dire, en maître dès lors que vous franchissiez les grilles des simples festivaliers à la Route du Rock 2009 pour passer du côté des Very Important People... Car il y avait bien des chasseurs de cerfs à Saint-Malo ce week-end là, mais aussi pas mal de charognes.

Entretien avec Bradford Cox, chanteur de Deerhunter, qui a eu l'extrême gentillesse d'insister pour réaliser cette interview alors que son temps était précieux, c'est le cas de le dire.





STAGE INVASION : Il y a un mot qui revient sans arrêt, quand les gens essaient de décrire votre musique, c'est "tourmenté". Comment l'expliquez-vous ?
BRADFORD : Je pense que dans la majorité des paroles et de la musique, il y a beaucoup de souffrance, que les gens entendent et ensuite rapportent à eux-mêmes. Je ne sais pas quelle part de cette souffrance est la mienne ou celle de ceux qui veulent projeter leur propre souffrance dans la musique comme si c'était un conteneur.


// Vous êtes assez proche des Black Lips, non ?
BRADFORD : Oui, ce sont mes meilleurs amis.
// Je les ai rencontrés il y a un an et quand je leur ai demandé quelle était la chose la plus étrange qui soit arrivée à l'un de leurs concerts, Cole a répondu qu'un jour, quelqu'un avait fait monter un chien sur scène et l'avait fait gratter les cordes de sa guitare. J'ai fini par trouver que cette personne était en fait vous. Que s'est-il passé à ce moment-là ?!
BRADFORD : Il y avait ce chiot qui était tellement mignon... Cole jouait un solo de guitare, et c'est finalement le petit chien qui l'a joué, en quelque sorte. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça... Il était simplement mignon, et il a adoré faire ça ! Mais ça ne lui a pas fait de mal.

// J'ai cru comprendre qu'une chanson avec Cole allait être réalisée...
BRADFORD : Non, en fait, sur le dernier album, Microcastle, il y a une chanson intitulée Saved By The Old Times, et Cole y a participé. C'est au milieu de la chanson, le collage : (il prend une voix plus grave et crie relativement fort, ndlr) "We are romanian sound collage !"


// Vos performances live sont connues pour ne pas laisser les gens indifférents... Vous pouvez arriver sur scène habillé d'une robe, ou avec du faux sang sur le corps. Le faites-vous dans le simple but de vous amuser, comme quelque chose qui vient naturellement, ou voulez-vous provoquer une réaction du public ?
BRADFORD : Je fais seulement les choses comme je les sens...


// Vous avez dit quelque chose qui m'a vraiment marquée : "Je ne veux pas le plus grand public au monde, je veux seulement un public de gens qui peuvent me comprendre." Que vouliez-vous dire ?
BRADFORD : C'est comme ça que je le sens. Je crois que la chose la plus triste pour un artiste, c'est quand son public dépasse les gens qu'il voulait à l'origine atteindre, et tout à coup, il ne colle plus à son public... vient alors une sorte d'animosité. Donc je me sens plus à l'aise en ayant un public limité mais à qui j'arrive à raconter des choses.

// Pensez-vous que le public de ce soir vous ai compris ?
BRADFORD : Les gens roulaient des yeux... Des personnes ont pu être touchées. Pour moi, le public n'a vraiment pas à se donner en spectacle, à en faire des tonnes. Il n'a qu'à ressentir la musique.


// Sur la page myspace de votre projet solo en marge de Deerhunter, Atlas Sound, il y a une description de vous : "Atlas Sound est le projet solo du leader / provocateur de Deerhunter âgé de 25 ans, Bradford Cox". Vous considérez-vous comme un provocateur ?
BRADFORD : Ce n'est pas moi qui ai écrit ça. Je me considère juste comme... euh, tout d'abord, j'ai 27 ans à présent, et ensuite, je ne crois pas être un provocateur, je veux simplement faire mon propre truc. Un artiste doit être un peu provocateur dans l'âme, mais cela doit venir naturellement, pas par intention. Peut-être que le concert de ce soir était provoquant... Peut-être que quelqu'un s'est senti assez provoqué par la musique pour aller former un groupe...




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DEERHUNTER.
ep Rainwater Cassette Exchange (Kranky)

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Si ça ne te plaît pas, ne reviens pas à la Route du Rock, on sera tous ravi. Car à vrai dire on en a pas bavé devant toi qui avait décroché cette interview mais on t'a trouvé ridicule dans toutes les conférences de presse et interview que l'on a pu voir. La cour des grands ne te plaît pas: casses-toi

MARION L. a dit…

Jamais je ne me priverai de voir des concerts parce que des soi-disant journalistes sont plus là pour jouer les m'as-tu vu que pour faire leur boulot.

Cour des cons me semble un terme plus approprié, car ce que vous faites est loin d'être inaccessible ou inégalable. Preuve à l'appui.

Charloute a dit…

rue 89 = "pourfendeur de l'intolérance" = Anonyme = LOL?