OH MERDE, ON VA TOURNER EN FRANCE, ON VA SE RETROUVER A COURT D'ESSENCE


LIARS
INTERVIEW
27OCTOBRE2010
ANTIPODE, RENNES



On a hésité à mettre la dernière phrase de l’interview en titre, “les gens ne montent pas sur scène, parce qu’ils ont peur de moi”, parce qu'Angus Andrew, chanteur de Liars, fait quand même grave flipper. Quelques secondes seulement après l’avoir salué, ce monstre de la nature nous a demandé si on n’avait pas un plan weed pour la soirée. Entre nous, en temps normal, si un type de deux mètres avec des tentacules à la place des bras et des pattes d’ours au bout m’accoste pour me réclamer de la drogue, je crie ma maman, je vomis, je commence à pleurer, je vomis encore puis je m’évanouis. Mais après quelques minutes, on s’est rendu compte qu’il était vraiment cool malgré sa grosse barbe et ses yeux de cinglé, enfin il faudrait juste le prévenir qu’il ne contrôle pas vraiment sa force (des volontaires? Moi j’y vais pas), il a bien failli me briser le dos avec sa petite tape amicale de fin. Pour être honnête, s’il y a une scène sur laquelle on n’irait pas s’aventurer, c’est bien celle de Liars.







STAGE INVASION : D’où vient ce nom, Liars ?
ANGUS ANDREW : On voulait être honnêtes, et la première chose que l’on peut faire pour être honnête, c’est admettre qu’on ment souvent. On le fait tous plus ou moins de temps en temps, donc ça m’a paru assez juste de dire « je suis un putain de menteur mais au moins, je suis honnête ! »


// Ouais ouais, t’es sûr que t’es pas un gros menteur ?
ANGUS : Non. Enfin, j’essaye de ne pas l’être en tout cas. Comme je l’ai dit tout à l’heure, il y a des moments où on ne peut s’en empêcher. Je pense que parfois, on se retrouve dans des situations où, bizarrement, il est plus facile de mentir. Je ne pense pas qu’on doive se sentir coupable de ça. Du moment que l’on est en mesure de reconnaître que, de temps en temps, on ment, alors c’est bon.


// Vous avez composé le dernier album, Sisterworld à L.A, mais quand vous avez formé le groupe vous avez tous déménagé à New York. En quoi ces deux villes sont-elles différentes, musicalement parlant ?
ANGUS : Elles sont comme opposées. A New York, tout est assez compact et les gens sont forcés de se connecter et de s’adapter à l’intensité de la ville. A Los Angeles, c’est l’inverse, il est possible de trouver des endroits très reposants. La musique que l’on a faite à New York était inévitablement super intense, et je pense qu’il est possible de faire de la musique qui soit plus relax à Los Angeles…mais je ne crois pas que nous l’ayons fait !

// Il y a eu deux albums enregistrés à Berlin aussi...
ANGUS : Berlin, c’était encore autre chose. Il s’agissait d’un endroit complètement étranger, et il m’était quasi impossible d’entrer en contact avec l’environnement parce que je ne parlais pas allemand. Cela m’a offert l’opportunité d’être solitaire ; je pouvais me retrouver dans un train ou un bus, avec tous ces gens qui parlaient autour de moi, mais je ne pouvais rien interpréter donc au final, je me retrouvais seul.

// La solitude apparaît comme un pilier du groupe.
ANGUS : C’est un très bon outil en ce qui me concerne, un outil créatif. Pour être en mesure d’imaginer des choses, et de créer, j’ai besoin de m’isoler et de me retrouver seul. C’est vraiment important pour moi.


// Le clip de Scissor vient de gagner le Best Music Video Award du festival Vimeo, il y a trois semaines. Est-ce que vous vous impliquez beaucoup dans la création et l’écriture des clips ?
ANGUS : Quand on commence, il y a un tas de réalisateurs qui écrivent des idées et nous les envoient. On se retrouve avec un gros stocks de projets tous plus loufoques les uns que les autres, de gens qui nous disent « voilà comment transformer telle chanson en un clip ». La plupart du temps on se dit que les types sont vraiment frappés ! Mais, pour Scissor, bizarrement, ça a marché. On trouvait l’idée bizarre, mais on aimait le fait que cela se passe au beau milieu de l’océan. J’ai pensé : « peu importe ce qu’on fait, du moment que ça se passe dans l’océan, ça peut marcher ! »

// Julian et toi vous êtes rencontrés en école d’art et avez décidé de former Liars. Est-ce que c’est la raison pour laquelle vos clips semblent tant inspirés par l’art (beaucoup de graphismes, et dans Scissor, une photographie magnifique) ?
ANGUS : Probablement. C’est aussi parce qu’on aime penser les choses de manière artistique. La musique n’est pas notre seule façon de penser ; Julian, par exemple, imagine d’abord les choses visuellement avant de les mettre en musique. Quand on a commencé en école d’art, ce n’était pas avec de la musique ; c’était avec des vidéos, des ordinateurs, des photographies, des choses comme ça, et la musique est arrivée après.


// Sur le EP Proud Evolution qui vient de sortir, on trouve un remix par Thom Yorke. Comment c’est arrivé ? Etes-vous amis avec lui, ou a-t-il juste entendu le morceau, et décidé de le remixer ?
ANGUS : On a fait une tournée avec Radiohead, en fait, et on est en contact depuis longtemps. Thom est un appui depuis... ça fait tellement longtemps que je n’arrive pas à me souvenir. Quand on a enregistré Sisterworld, on voulait que chaque chanson de l’album soit retravaillée par des artistes différents, et Thom a été l’un des premiers auxquels on a pensé. Ce projet nous tenait vraiment à cœur.


// Apparemment, vous vouliez un backing band pour cette tournée ? Ca a donné quoi alors ?
ANGUS : Sur cette tournée, on a pris deux musiciens en plus. Sur les tournées précédentes, on avait plus de monde sur scène mais on s’est rendu compte que deux suffisaient, et parfois, c’est mieux quand on est que tous les trois (Liars est composé de trois membres, ndlr). C’est intéressant d’avoir des musiciens en plus, particulièrement quand ils sont très bons, parce que ça permet de faire une rétrospective de tout ton travail jusque là, tous les albums. On leur dit « jouez ça »... et ils le font très bien ! Parfois même mieux que nous !


// Avez-vous entendu parler de la réforme de système des retraites, que le gouvernement veut faire passer en France ces temps-ci ? Comment est-ce perçu aux Etats-Unis ?
ANGUS : Pour être honnête, le premier truc auquel on a pensé a été « oh merde, on va tourner en France, on va se retrouver à court d’essence ! » Mais je pense que c’est compréhensible, et puis tout le monde sur la planète sait que Sarkozy is a dickhead. Tout le monde sait qu’il est un peu hors de contrôle, donc c’est normal que les gens protestent. Je ne saisis pas pourquoi ils veulent faire travailler les gens deux ans de plus directement, pourquoi ils ne commencent pas par six mois par exemple... Ils devraient aller plus lentement... Bref, peu importe, ça reste des putains d’histoires politiques tout ça.


// Est-ce que les invasions de scène te dérangent ?
ANGUS : Non, pas tellement, du moment que les gens passent un bon moment. Mais parfois je trouve mieux qu’il n’y en ait pas, parce que le reste du public doit penser « pourquoi devrais-je regarder ces putains de gens sur la scène ?! » Par exemple, les Stooges sont un excellent groupe, mais dernièrement, ils ont fait une grosse tournée et...
// ...et à chaque fois, ils font monter le public sur scène, systématiquement sur le même morceau !
ANGUS : Exactement ! Comme s’il y avait un putain de contrat ! Ca n’a plus rien de spontané. Quand ça commence à se passer comme ça, ça devient chiant. J’ai juste envie de voir Iggy, pas besoin de tous ces types sur scène !
// On était au concert cet été à La Route du Rock, et tu bouges beaucoup sur scène, donc je ne suis pas sûre que les gens pourraient monter sans se blesser !
ANGUS : Ouais, c’est vrai ! Voilà pourquoi les gens ne montent pas sur notre scène, parce qu’ils ont peur de moi !









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LIARS.
album Sisterworld // (Mute Records)
ep Proud Evolution // (Mute Records)



3 commentaires:

Chloë a dit…

la photo est de toi? non parce qu'elle est géniale

MARION L. a dit…

Ahah, j'aurais bien aimé mais non (avec un appareil photo digne de ce nom ce sera peut-être possible... BIENTOT !)
Non, celle-ci est effectivement fantastique et vient du site officiel de leur dernier album Sisterworld, avec une sorte de photomontage assez impressionnant.

Anonyme a dit…

Hm, je crois que c'est juste un miroir.