"HAVE YOU SEEN MY BEAU REGARD ?"



BEAUREGARD 2010
LIVE REPORT
2JUILLET2010
CAEN


Arrivée vers 16h en terre caennaise, sous un soleil de plomb qui laisse présager quelques coups de soleil non souhaités. Les concerts antérieurs à 21h n'ayant eu que peu d'intérêt à nos oreilles exigeantes, passons si vous le voulez bien sur Feloche, Tremore et autres 64 Dollar Question.

The xx n'est pas un groupe fait pour les festivals. Le son cold pop de leurs compositions ainsi que l'ambiance noir corbeau des musiciens et du concert en général, sous un soleil commençant à s'incliner, c'est trop paradoxal pour fonctionner. Mais l'attitude des membres du groupe, qui peut facilement être perçue comme hautaine (pas de promo, pas de photographes, pas de rappel) n'avantage pas non plus les londoniens. Musicalement parlant, le live était à nouveau très semblable à l'album, chose qui ne laisse, fatalement, pas de place à une once d'improvisation ou même de spontanéité. Si la qualité de leur musique est incontestable, l'intérêt de voir The xx sur scène l'est beaucoup plus.



Guitares saturées et langage de charretier, les Stooges sont en grande forme, ou plutôt, ce qu'il reste de la formation originelle (le batteur Scott Asheton et Iggy Pop, rejoints depuis quelques années par deux guitaristes et un trompettiste). Le live 2010 des Stooges, c'est quasi exclusivement du Raw Power (l'album, pour ceux qui débarqueraient) à quelques exceptions près (ne pas jouer I Wanna Be Your Dog ne serait, en effet, pas envisageable). Alors quand, en rappel, on a droit à Death Trip, Fun House, No Sense Of Crime, et la b-side Gimme Some Skin, mais surtout, SURTOUT No Fun, ça fait forcément plaisir. Un rappel de cinq chansons, c'est très rare, avec un Iggy au top de sa forme, pas vraiment décidé à sortir de scène pour laisser la place aux Local Natives sur la scène 2. M'est avis que s'il n'avait pas eu de restrictions temporelles, l'Iguane serait resté en scène jusqu'au milieu de la nuit - la même situation avait eu lieu l'année passée avec Peter Doherty.


A peine le temps de se remettre de tant d'émotions brutes que les Local Natives enchainent, et soudain, la perspective de regarder le concert de loin, tranquillement posé sur l'herbe, parait plus qu'attrayante (rappel : il reste encore les sets de Phoenix et Yuksek, donc pas des moindres). Le groupe est une agréable découverte, avec certains accents qui rappellent Grizzly Bear, chose loin d'être déplaisante. A deux morceaux de la fin, un mouvement de foule se dirige soudain vers la grande scène... eh oui, pas très malin de la part du chanteur de vouloir chauffer le public en disant d'une voix enjouée "are you happy to see Phoenix tonight, guys?". Résultat, plus grand monde pour la fin du concert du groupe. Erreur stratégique, dirons-nous.



Il est près d'une heure du matin et le groupe que tout le monde attend s'apprête à entrer en scène. Il s'agit bien évidemment de Phoenix, et je ne sais pas si c'est une affaire de chauvinisme mais avant même qu'ils apparaissent, on sent dans le public un regain d'amour pour le groupe, visiblement impatient de constater l'efficacité en live des morceaux des Versaillais. Et ça ne tarde pas à venir puisque le premier titre n'est autre que Lisztomania, chanson incontournable depuis plus d'un an, et de qualité tant qu'à faire. Les jeux de lumière sur scène apportent un plus au spectacle, et je dois avouer qu'admirer la scène de l'espace photographe, devant les barrières, est un privilège dont on se délecte autant que possible pendant trois courtes chansons. Un peu moins lorsque Thomas Mars, chanteur de Phoenix, décide sur la fin de Long Distance Call d'aller faire un petit tour dans le public et manque de vous atterrir dessus en sautant frénétiquement de la scène, mais on lui pardonnera ce malheureux incident. (Quoique, après l'avoir vu fuir en courant l'interview que vous étiez supposée faire avec lui, il y a de quoi devenir quelque peu paranoïaque.) Suivent Lasso, l'irrésistible Consolation Prizes, et un enchainement de morceaux de Wolfgang Amadeus Phoenix. C'est avec surprise que l'on constate que la longue partie instrumentale de Love Like A Sunset passe tout compte fait très bien en live, alors qu'on aurait pu craindre un certain ralentissement du rythme du set. Un petit problème technique intervient, disparition du son, mais ça n'empêche pas le groupe de continuer comme si de rien n'était jusqu'à ce que tout revienne à la normale. En fait, le seul bémol, c'est qu'il y avait peu de chansons de It's Never Been Like That (Rally fut la troisième et la dernière). On ne peut contenter tout le monde, c'est vrai. Cela dit, avec un final comme 1901, et un public aussi émerveillé à la limite du délire général, on peut tout se permettre.


On dit que les artistes sont superstitieux. Si ce n'était pas le cas de Yuksek avant ce 2 juillet à Beauregard, la donne a probablement changé. Explication. A 21h, durant sa conférence de presse (qui, à vrai dire, n'en était pas réellement une, puisque des Radio Normandie, Campus Caen et autre Télévision Normandie se sont quelque peu accaparés le dj, se croyant en interview individuelle - mais passons), l'un des journalistes demande à Yuksek si ses machines l'ont déjà planté en plein set. Réponse de l'intéressé : non non, tout s'est toujours bien passé, pas de problème à ce niveau là. A 2h du matin, Yuksek entre en scène, commence à mixer, puis quelques vingt minutes plus tard, au beau milieu de Tonight, qui ravit d'ailleurs les festivaliers... le gros silence. Plus un bruit, personne dans le public ne comprend ce qui se passe, et le pauvre Yuksek parait alors bien seul au milieu de ses machines. Il finit par prendre le micro, et expliquer qu'un bug vient de surgir, et qu'il ne sait pas vraiment si le concert va pouvoir recommencer. Heureusement, si. Petit aparté : c'est dans ces circonstances qu'on constate si l'on à affaire à un bon public ou à une audience de connards. En l'occurrence, à Beauregard, c'était la première catégorie, car les gens se sont mis à scander "YUK-SEK YUK-SEK" pendant l'interruption incongrue, plutôt signe d'encouragement, et non pas à huer comme un troupeau de bœufs, ce que l'on a déjà vu ailleurs.




Le set finit donc par reprendre de plus belle, et Tonight aura quasiment été jouée deux fois pour le plus grand bonheur du public à en croire les danses enjouées et les sourires affichés. Au fur et à mesure du set, les dernières familles quittent le site de Beauregard, l'heure devenant relativement tardive et la musique un peu trop électronique pour un "large public" dirons-nous. Le set du dj français arrive à sa fin, et ce dernier quitte la scène en souhaitant une bonne nuit au public avec une voix robotique, et un charisme à son apogée. Il est un peu plus de trois heures, et si le festival a pourtant allongé son créneau cette année, on serait bien resté pour un petit live de plus.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Et ta façon d'écrire, de passer sur des groupes pour ne pas choquer tes "oreilles exigeantes", ne trouves-tu pas ça hautain comme attitude ?

Une critique, une review, un live report (je ne connais pas le mot le plus hype du moment), ce n'est pas tenter de caler ton vocabulaire à plus de 3 syllabes. Ce serait peut-être bien avant tout d'avoir un avis objectif.

Une objectivité que tu auras peut-être quand tu commenceras à comprendre le boulot de journaliste, et notamment le fonctionnement d'une conférence de presse.

Sur ce, longue vie à vous !

MARION L. a dit…

Ohh les commentaires haineux, ça faisait longtemps.

Si je passe sur les groupes qui ne m'ont pas intéressée, c'est justement pour ne pas froisser davantage leur "public". Et encore, je pèse mes mots. D'où l'emploi du mot "exigeantes" ; il fut un temps où je ne prenais pas tant de pincettes et où l'on me reprochait systématiquement mon jugement quelque peu radical, je dois bien le dire.
Ou alors je ne relate pas un concert, simplement parce que ne connaissant pas suffisamment la musique d'un groupe (ex ici : Ghinzu), il serait ridicule de noter quelque chose du style: "ah ben ça c'était pas mal. Ouais c'était cool. Surtout la chanson où tout le monde s'est mis à chanter le refrain là, je connais pas le titre, ça envoyait bien."


Une conférence de presse, c'est justement l'opportunité pour tous les médias présents de poser un nombre limité de question par "structure", comme on dit. L'idée n'est pas que trois personnes (sur plus d'une dizaine) s'accaparent, littéralement, un artiste. Ou autant faire des entretiens individuels.
Mais j'imagine que tu étais présent(e) à cette conférence de Yuksek pour savoir de quoi je parle ?

Ziggy a dit…

Euh attend, c'était pas Bobmo qui nous avait raconté que Yuksek avait abandonné son live après trois plantages successifs (genre ils jouaient sur une péniche et le public faisait tout sauter) ? Ou alors je me trompe.

Et pour répondre à l'Anonyme, dans la mesure où nous ne sommes affiliés à aucune structure , on ne se sent pas obligé de relater un concert qui ne nous intéresse pas (aussi bon soit le groupe) et/ou d'en dire du bien seulement pour rameuter du monde.

Parler de journalisme et d'objectivité en même temps, spécifiquement dans le journalisme musical, c'est faire preuve d'une très grande mauvaise foi.

Gabitch a dit…

Que j'aime lire des longs articles comme ça! Rien de tel pour revivre un festival. Et oui : il faudra approfondir notre connaissance de la musique de Local Native, qui avait l'air plutôt agréable.