PHOENIX
INTERVIEW
2JUILLET2010
FESTIVAL BEAUREGARD
Apprendre au beau milieu de la nuit, en revenant d'un concert, que le lendemain vous avez une interview calée avec Phoenix, et réaliser que vous aurez moins de deux heures à votre réveil pour préparer vos questions, c'est le genre de choses qui fait monter l'adrénaline d'un cran. Mais quand, en plus, à l'heure de votre entretien, vous vous faites voler votre créneau (15 mn) par une journaliste sans gêne de radio Normandie ; qu'à la suite de ça, le temps de promo du groupe est terminé et que vous voyez le chanteur (avec qui vous étiez censé vous entretenir) partir de l'espace presse en courant (littéralement), là on atteint le summum du stress pré-interview. Dans ces cas-là, vous rassemblez le peu de courage qu'il vous reste en vous disant que, de toute façon, vous n'avez plus rien à perdre, et partez à l'abordage du moindre Phoenix que vous pourrez trouver dans les environs. En l'occurence, les deux frères et également deux guitaristes du groupe, Laurent et Christian, qui, très pros, ont eu la gentillesse de prendre quelques minutes de plus pour répondre à ces questions.
STAGE INVASION : Ça marche particulièrement bien pour vous aux Etats-Unis. À votre avis, à quoi est dû cet engouement pour Phoenix outre-Atlantique ?
LAURENT BRANCOWITZ : Un malentendu, je dirais ! Je ne sais pas ce qui s’est passé. C’est très étrange, parce qu’on pensait vraiment que ce disque était destiné à très peu de gens, et finalement, c’est le disque qui plait le plus, ce qui prouve vraiment qu’on n’a aucune idée de comment fonctionne le succès, ou l’échec. Mais c’est très bien, puisque ça va nous inciter à continuer dans la voie du grand n’importe quoi !
// Au moment de l’écriture de Wolfgang Amadeux Phoenix, vous n’aviez plus de label. Est-ce que ça vous a permis une liberté que vous n’auriez pas pu avoir si vous aviez été sous contrat avec une maison de disques ?
CHRISTIAN MAZZALAI : C’est ce qu’on voulait. On ne voulait pas re-signer avec une maison de disques. Avant, on était chez EMI, et on voulait vraiment avoir de comptes à rendre à personne sur cet album. On a toujours eu une liberté, même chez EMI, ils nous ont toujours laissé tranquille mais ça a été le fruit d’un combat douloureux, et long... (ironie)
LAURENT : C’est juste qu’on voulait faire un disque sans compromis, même si on n’a jamais fait de compromis finalement... L’idée d’être livrés à nous-mêmes, artistiquement, c’était bon. On voulait trouver un partenaire qui écoute la musique, qui dise « ça on aime », on voulait que ça soit sain comme relation. On avait dans l’idée de travailler avec des labels indépendants, des gens qui soient tombés amoureux du disque, et pas des personnes qui nous signent pour des mauvaises raisons. Finalement, c’était le meilleur calcul parce qu’on a travaillé avec des toutes petites structures et c’est exactement ce qu’il nous fallait.
// Pourquoi ce nom, Wolfgang Amadeus Phoenix ?
LAURENT : C’est un nom qui est arrivé soudainement. On était en studio, et il nous a stupéfait. Au début, on était juste paralysé, pas sûr du tout. Je me souviens qu’il nous a fallu 24h pour digérer, et après par contre, il y a eu un sentiment d’évidence. Les plus grands chocs esthétiques sont souvent des choses qui, au début, dérangent, avec lesquels on n’est pas à l’aise.
// Vous avez composé la B.O du prochain film de Sofia Coppola, Somewhere. En quoi est-ce différent de composer la musique d’un film et celle d’un album?
LAURENT : C’est complètement différent. Quand on travaille avec un metteur en scène, on est au service de quelque chose de plus large, il faut se mettre au service d’une vision d’ensemble. On n’a pas vraiment eu de directives, mais le film avait une cohérence et une sorte de rythme et de ton qui a fait qu’on a su tout de suite ce qu’il fallait faire. C’est assez simple, c’est une musique très humble, et finalement on adore être humble !
// Comment ça s’est passé, vous aviez déjà vu des images, des scènes qui avaient été tournées, ou vous vous êtes complètement coupés de tout ça ?
LAURENT : On avait les images, ouais. Ce qui est bien, c’est quand tu travailles avec quelqu’un qui sait ce qu’il veut. Sofia, elle sait ce qu’elle veut, alors quand c’est comme ça c’est très simple.
CHRISTIAN : C’était très concret, c’est allé très vite, en quelques jours.
LAURENT : C’était génial, parce qu’on avait les images, et il fallait juste se fondre dedans. Avec la musique de film, ce qui est compliqué, c’est qu’il ne faut pas que le cerveau soit accaparé par une ritournelle. Il faut que ça reste dans le fond et que ce soit limpide.
// Comment vous avez réagi quand vous avez vu la vidéo de la chorale de gamins qui reprend Lisztomania ?
LAURENT : On a adoré ! On était en Australie, je me souviens, c’était avant un concert, un moment où on ne savait pas quoi faire, et soudain on a reçu un lien. C’est tombé à un moment où on était prêt à recevoir un cadeau, et là on l’a pris à cent pour cent ! C’est le genre de trucs qu’on aurait adoré imaginer, mettre en scène, mais qui n’aurait jamais fonctionné parce que ça ne peut pas marcher quand c’est le produit d’un calcul. Il fallait que ça vienne comme ça, de nulle part.
CHRISTIAN : C’est une des plus belles choses qui soit arrivée par ricochet, on va dire.
// Est-ce que vous avez déjà eu des invasions de scène ?
LAURENT : On a eu une période où ça arrivait très souvent. Il y a un moment où ça nous a refroidit, d’ailleurs !
CHRISTIAN : Oui, à Dijon je crois... La scène s’est effondrée, il y avait trois cent personnes sur scène et elle s’est écroulée. Ils ont fait un trou dans la scène. C’était très drôle à voir ! Enfin, sur le moment on a eu peur que des gens se blessent, ce qui aurait été vraiment horrible d’ailleurs...
LAURENT : Du coup, maintenant on fait attention, mais il y a un moment où on était insouciant et où ça se passait très fréquemment... Il n’y a pas très longtemps d’ailleurs ! (rires)
// Quelle est la chose la plus stupide que vous ayez faite ?
LAURENT : Ben ça, c’était assez stupide !
// C’est pas vraiment votre faute...
LAURENT : Disons qu’on a un petit peu cherché le truc ! On a ouvert les portes… on a ouvert notre cœur ! On a un petit peu appelé les gens à monter sur la scène. Ça va, mais ça aurait pu être le truc le plus horrible qui nous soit jamais arrivé, parce qu’il y a des poutrelles métalliques de plusieurs centaines de kilos, et quand tu laisses tomber ça sur une jeune fille par exemple, ça peut vraiment être horrible.
// Est-ce que vous avez une sorte de rituel avant de monter sur scène ?
LAURENT : Ouais, on a toute une série de petits trucs, mais c’est pas vraiment un rituel à la Madonna si tu veux, les prières collectives et cætera, c’est pas trop notre truc !
// Est-ce que vous pouvez trouver un titre à cette interview ? Au moment de la transcription, c’est toujours le gros blanc...
LAURENT : Nous, on se pose jamais cette question là ! ...C’est quoi le nom du canard ?
// Stage Invasion.
CHRISTIAN : Ahhh c’était pour ça, la question ?!
LAURENT : Je sais pas, il faudrait retrouver un truc qu’on a dit, non ?
CHRISTIAN : Sinon y’a des jeux de mots un peu minables...
LAURENT : Ça, c’est bien un truc français ! Par exemple en France, on a un journal sérieux, Libération, où chaque titre est un jeu de mot, un calembour. C’est unique au monde je pense ! Nous, on est assez nul en jeu de mot, mais il y en a eu beaucoup sur Phoenix... à base d’envol du Phoenix, etc. Faudrait éviter ça à tout prix, hein ! Je compte sur toi !
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PHOENIX.
album Wolfgang Amadeus Phoenix // (Loyauté)
1 commentaires:
Les Normands, ce sont tous des connards
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