GLOIRE À SATAN


KAP BAMBINO
INTERVIEW
24OCTOBRE2009
RENNES, UBU


On s'était dit avec Maxime que ça serait cool qu'on s'y mette à deux pour cette interview, histoire d'avoir un truc un peu moins bancal que d'habitude. Mouais. On s'est finalement vu quelques minutes avant la rencontre, entre un plat de nouilles et une bouteille de rosé, pour un brainstorming (voyez par là qu'on s'en est mis plein la panse).
Caro et Orion sont beaucoup moins vénère que leur musique, ce qui facilite grandement l'échange, et ont répondu avec plaisir à notre interview qui était, malgré les nouilles, complètement foireuse. On obtient donc un méli-mélo de mots comme "feedback" ou "bâtard" qui nous permettent, malgré tout, d'élargir notre public aux communicants et aux fils de putes.
Et petite anecdote, j'adore les anecdotes, le manageur du groupe n'était autre que Bouchon. Vous savez, le type qui avait l'air à moitié fou dans le docu de Justice et qui entretenait une sorte d'idylle avec les armes à feu. Ben finalement il est plutôt sympa, enfin après peut-être qu'il avait pas de flingue sous la main.






Interview réalisée en partenariat avec Empreintes digitales



STAGE INVASION : Vous évoluez dans un univers assez dark quand même...
CARO : Ben on est tous les deux comme ça à la base.
ORION : On n'y a pas réfléchi... Et puis c'est pas si dark que ça !
CARO : Et puis comme on l’est, on essaie de moins l’être dans la musique, de se sauver du dark dans la musique. Kap Bambino c’est quand même plutôt déconneur.


EMPREINTES DIGITALES: Votre dernier EP s'appelle Bat Caves, pourquoi ce nom ?
ORION : On devait en faire trois, alors fallait bien qu’on en trouve un autre !
CARO : Euh… c’est venu comme ça. Pour celui là on était bien bien chaud en plus pour faire des trucs à coté, vidéos et autres conneries. Et on a branché un groupe de garage qui s’appelle Hello Sunshine, ils ont proposé une cover hyper rapidement qui nous a plu et ça nous a motivé, on a invité Jackson et Bobmo aussi.
ED : Pourquoi Bobmo ? Soutien du coté électro ou c’est Bordeaux Crew ?
CARO : Non pas du tout, on n'est pas originaire de Bordeaux en plus, c’est notre pote Bobmo quoi, c’est le gang. Il est électro et garage, un peu comme nous, il est chez Institubes, il est à fond, il fait que de la grosse électro, et a coté il a une grosse culture garage acutel. Là il prépare une compil' pour Institubes avec des groupes rock et garage qui va sortir bientôt je crois. Il a une super culture, il écoute des trucs ghetto des années 90, Baltimore, et à coté il écoute Black Lips etc.
ED : Le remix de Bobmo est plus électro finalement ?
CARO : C’est super Chicago, c’est pour les rats dans les clubs. (rires)

// Y a pas mal de critiques qui pensent que vous avez opéré un virage pop dans le dernier album, qu'est-ce que vous en pensez ?
ORION : Ouais c’est des conneries ça. Conneries parce qu’on a fait exactement comme l’autre, on a pas changé notre façon de faire et la base des morceaux sont de bien avant qu’on finisse l’album ou quoi que ce soit, y a même des morceaux qui datent déjà de la fin de l’autre album. On s’est pas dit « tiens on va faire un truc plus pop », et ça l’est pas du tout.
CARO : C’est toujours aussi violent quoi…
// Peut-être que les mélodies sont juste plus évidentes ?
CARO : Ouais c’est pas faux…
ORION : Ouais et puis la voix est moins traitée, elle est plus sèche.
CARO : On est loin de la pop quand même… (rires)


ED : Les morceaux restent assez courts dans l'ensemble...
ORION : C’est plus un format rock, ça ressemble pas à de l’électro dans le sens où ça dure pas trois plombes, faut pas trainer quoi.
CARO : C’est aussi pour ça qu’on nous cale jamais dans l’électro, on est électro par la force des choses avec notre config d’ordi, mais on vient du rock, c’est juste qu’on est des nerds et qu’on voulait utiliser des machines.
ED : D'ailleurs Caro, tu tâtes jamais les machines ?
CARO : Ah ouais non, pas sur Kap Bambino, généralement je participe mais c’est Orion qui fait tout.
ORION : Elle fait sa chef quoi !


ED : Comment vous expliquez le fait que vous ayez d’abord été connus à l’étranger, en Angleterre tout ça ?
CARO : Ca ne s’explique pas trop…
ORION : Y avait pas beaucoup de truc comme ça quand on a commencé.
ED : Comment c’est arrivé ?
ORION : En fait c’est un label anglais qui nous a signé, ils nous ont invité pour faire des dates et voilà, ils ont ressorti notre album…
CARO : De toute façon on a toujours eu plus de feedback à l’étranger, même avant d’avoir signé sur le label anglais, et même encore maintenant, on joue quasiment qu’à l’étranger. La première date qu’on a faite avec Kap Bambino à l’étranger c’était le Canada, t’imagines ? Bouger de Bordeaux pour faire ta première date à Montréal, et la première fois qu’on a été chroniqué c’était à Brooklyn dans un petit fanzine, y a genre 6 ans. Du coup on est passé par un chemin qui… n’existe pas, mais que je souhaite à plein de gens parce que c’est le gros lot ! Mais bon, on est ravi de faire des dates en France quoi !
ORION : C’est un peu la revanche quand même, parce que maintenant on y joue en France !
CARO : Tu sais les français on dirait qu’ils ont attendu des groupes comme Crystal Castles, ou des trucs plus mainstream mais qui n’ont rien à voir avec notre univers ou notre musique, c’est plus Gameboy tu vois.
ED : Le public français est peut-être plus coincé ?
CARO : Non pas du tout ! On a eu un super public français tout petit, super inde dès le départ. Il y a vraiment des gens qui nous suivent depuis le début.
ORION : Après on n’avait pas de distri, pas de promo, les magazines tout ça, on avait aucun support… Enfin a on quand même fait des festivals mais comme j’ai dis, on avait pas de promo, de disques derrières etc.
CARO : Alors qu’en Angleterre on savait tout de suite, après les premiers concerts qu’on avait fait, qu’on pourrait avoir des trucs dans le NME par exemple.
ORION : Et puis on se retrouvait dans des programmations électro/techno, la première fois qu’on a fait Astropolis, on a eu hyper peur quoi, alors qu’à l’étranger, t’arrives et tout de suite tu vois que c’est inde, enfin, je suis sûr que vous comprenez ce que je veux dire…
(en chœur) Ouais, ouais !
CARO : En France c’est déjà plus ghetto, soit t’as les soirées punk à chien, les soirées rock français, les soirées avec les mecs traumatisés de la techno… Enfin tu vois les soirées électro sont quand même arrivées, et c’était la fin des grands papas Daft Punk, la fin de l’electroclash tout ça, c’était un peu bâtard quoi, et du coup on avait pas trop notre place.


// Tu parlais de Crystal Castles tout à l’heure, on vous assimile souvent à eux en fait.
ORION : Ben on a commencé avant quoi ! Après dans la tête des gens c’est plus simple de dire maintenant, ça ressemble à ça, parce qu’eux ils ont quand même un espèce de succès énorme, alors pour guider les gens… Mais les gens qui connaissent savent bien que ça n'a rien à voir !
// On peut avoir l’impression que CC a ouvert la porte au grand public…
ORION : Même si c’est dans un mauvais sens, ouais. Mais ça a enragé un paquet de mecs d’ailleurs, qui font ça depuis pas mal de temps.
CARO : Pour nous le 8-bit, la Gameboy, on adore ce mouvement là. Y a 10 ans quand j’ai écouté ça je trouvais ça mortel, c’est tout frais, tu sais toute la scène belge Micromusic, c’était juste chanmé. Maintenant pour moi perso, c’est quelque chose que j’écoute moins, je m’éclate moins à écouter la BO de Mario tu vois. Tout ça pour dire qu’on a jamais utilisé de Gameboy dans Kap Bambino, on a jamais été 8bit !
// On connaît tous le fléau des étiquettes
CARO : C’est lastfm quoi !
ORION : Après pour les festivals c’est pas nous qui leur envoyons les textes en marquant CC dans les programmes tu vois… Y a toujours marqué ça sur les fly, pour eux c’est vendeur, mais pour nous c’est atroce quoi.


ED : Vous avez quand même une influence électro indéniable, vous faites jamais de remix ?
ORION : Parce que ça nous saoule !
CARO : On avait décidé de remixer personne et de ne jamais avoir de remix, une sorte de club anti-remix et pas de remix, on trouvait ça déconneur. Après on s’est dit pourquoi pas, on a demandé à des potes… Mais bon, y a des trucs qui vont arriver. Et puis c’est pas vrai ! Orion a fait un remix pour Metronomy, My Heart Rate Rapid, pour Moby, Rita Mitsouko… Y a eu des trucs mais discret, après tu les trouve les skeuds. Tu vois on en fait des remix !
ORION : Mais c’est pas vraiment Kap Bambino.


Interruption de Bouchon : Ben ils sont encore là eux ! En fait vous buvez pour être plus à l’aise pour les questions bien dégueulasses…
(en choeur) Grave, t’as tout compris toi !



// Dans le clip de Dead Lazers, vous êtes sur des vélos, vous êtes quoi, des cyclistes refoulés ?
CARO : Grave ! Genre vélos pourris de merde. (rires)
// Style motobécanes ?
CARO : Ouais ouais ouais ! C’est marrant, surtout bourré la nuit. Quand on a la chance d’être à Bordeaux avec nos potes et qu’on fait n’importe quoi… T’as l’impression d’être un aventurier !


ED : Au niveau des concerts, genre l’ambiance énervée, c’est toujours comme ça ?
ORION : Ca dépend en fait.
CARO : Tu déconnes, c’est hyper calme ! (rires)
// D’ailleurs, tradition oblige, c’est votre truc les stage invasions ?
ORION : Ca dépend, si ça vient se frotter ou…
CARO : Ben ouais ça dépend, ça nous est arrivé, au deuxième morceau, l’ordi par terre tout ça… Ca nous a un peu traumatisé. Après on déteste les putes qui viennent faire « Ouais ouais ouais ». Mais nous on est gentil, on aime bien quand les gens viennent sur scène.
ED : Y a peut être un titre où vous vous lâchez le plus sur scène ?
CARO : Ben c’est tout au long du concert, on est trop généreux… Déjà à l’intro on est dead.

// Bon, la petite dernière, un titre pour l’interview ?
ORION : J’ai le cerveau amoindri là, je t’avoue...
CARO : Moi j’ai une idée mais c’est un peu glauque. C’est un mec qui m’a dit ça hier. Un mec qui m’a signé un truc avec son sang et qui m’a filé un pendentif horrible genre vaudou. Il a signé "Gloire à Satan".
(gros silence)
(en chœur) Non, nous on trouve ça sympa !





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KAP BAMBINO.
album Bat Caves (Because Music)

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh bah flut alors, Bouchon quoi!