LE PARADIS ATTENDRA



"Encore une actrice qui chante." Non, pour Charlotte Gainsbourg, le rapport à la musique a toujours été particulier. A part. Elle écrit très peu de textes, elle ne compose pas, elle chante à peine. Et pourtant, elle s'en sort bien avec IRM.





L'album ouvre avec le folk psyché de Master's Hands, et on s'attendait à une révolution mais non : Charlotte Gainsbourg a bel et bien hérité de l'absence de voix de sa mère. Bon, on verra plus loin qu'elle a quand même récupéré deux-trois trucs du père, ce qui est plutôt un avantage. La révélation de ce second "vrai" album de la fille Gainsbourg (Charlotte For Ever ne comptant pas vraiment) est la présence de l'américain Beck, grand aficionado de Serge, le père (dont on peut largement sentir l'influence sur les albums Mutations et Sea Change).

C'est avec Le Chat du Café des Artistes qu'on comprend pourquoi Charlotte fait bien de chanter en anglais. Sans parler du poids de l'héritage familial sur la façon de manier avec brio la langue de Molière, "quand on est mort c'est qu'on est mort", franchement, on s'en serait passé.

La voix de la chanteuse sur Me And Jane Doe est assez méconnaissable : grave, forte, tout sauf frêle. Ça change, et ça fait du bien, parce qu'entendre sans arrêt un murmure timide finit par lasser.
Trick Pony est le titre rock de l'album, qu'il fait bon d'entendre après deux chansons assez classiques où rien d'extraordinaire ne se dégage. On s'aperçoit avec surprise et plaisir que le style rock convient tout à fait à Gainsbourg.

La Collectionneuse aussi appelée The Collector est la chanson expérimentale voire totalement psychédélique de l'album qui nous rappelle à la fois que c'est Beck qui produit ce disque, et que Charlotte est bien la fille de son père. Alternant texte en anglais et en français, chant et murmures parlés dont plusieurs extraits de poèmes d'Apollinaire (notamment L'Adieu et Le Pont Mirabeau), la voix de Charlotte Gainsbourg nous entraîne dans une sorte de spirale psychée, orchestrée autour d'un riff joué en boucle, successivement au violon puis au piano.

Retour dans le début des années 1970 avec Looking Glass Blues et ses riffs de guitare saturée (mais version très soft, voire lounge ; on n'est pas chez ACDC non plus), pour clôturer l'expérience IRM.

IRM, en deux mots : grâce et volupté (ces deux magnifiques mots qui correspondent définitivement bien mieux à de la musique qu'à un vulgaire café).



Charlotte Gainsbourg // IRM
30 novembre // (Warner)

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