ART ROCK 2010



ART ROCK 2010
LIVE REPORT
22 & 23MAI2010
SAINT-BRIEUC







SAMEDI 22 MAI





Cette journée de festival commence à 17h30 avec la conférence de presse de Rachid Taha (c'est ça de travailler, sur un festival). Déjà, il faut planter le décors : toutes les conférences et interviews ont lieu dans la chapelle de Saint-Brieuc, donc avec statuettes de vierges et vitraux qui côtoient le bar VIP installé là pour l'occasion ; ambiance originale, c'est le moins qu'on puisse dire lorsqu'on est, comme moi, pas super fan des églises. Rachid Taha arrive avec vingt minutes de retard, de très bonne humeur, et pas spécialement très sobre à cette heure pourtant relativement avancée.


Il raconte comment il a rencontré Gaetan Roussel "comme tous les bretons : dans un bar autour d'une bière" (car le dernier single de Taha est en featuring avec Gaetan Roussel, ndlr), puis Mick Jones, à un concert au Royal Albert Hall de Londres où Patti Smith l'avait invité à jouer. (Bon, alors bref rappel pour les quelques pèlerins qui tomberaient par hasard sur cette page et qui ne sauraient pas qui est Mick Jones ; Joe Strummer + Mick Jones + Paul Simonon = les trois piliers de The Clash, groupe de punk anglais le plus culte et de loin le meilleur qui ait jamais existé. Voilà pour la partie historique.) Et vlatipa que qui se pointe au milieu de la conférence de presse ? Je vous le donne en mille : Mick Jones, après le "oh come on baby" insistant de Rachid Taha. Alors on dira ce qu'on voudra, mais Mick Jones qui passe à un mètre de vous en vous glissant un discret hello, ça fait quand même quelque chose. Rachid et lui s'allument une clope, après avoir tout de même demandé la permission mais franchement, maison de Jésus ou pas, qui dirait non à Mick Jones, aussi timide soit-il face à vingt-cinq journalistes ?




La conférence finit un peu avant 18h30, il est donc temps de bouger jusqu'à la place Poulain Corbion, où ont lieu la majorité des concerts. Ce n'est jamais facile d'ouvrir une soirée de festival, d'autant plus lorsqu'à peine un cinquième du public est sur place, et que vous vous retrouvez à votre entrée en scène devant quelques rangées de personnes seulement (la plupart n'étant là que dans la perspective de se placer pour un futur concert qui plus est - Coeur de Pirate, Peter Doherty). C'est sous ce genre d'auspices que Miss Platnum débute donc son concert. Un style de musique original, qualifié par beaucoup de "R'n'B des balkans" lors de son passage aux TransMusicales il y a un an et demi, catalogage un peu approximatif d'ailleurs. La demoiselle qui clamait à l'époque Give Me The Food semble pourtant être passée par la case régime, ainsi que chez un coiffeur coloriste pas vraiment farouche. Mais sérieux, entrer en scène avec une chanson dont les paroles sont "drink until you fall asleep on the street and in the morning you wake up and you don't know where you are" et une bouteille collector d'Absolut à la main, ça fait toujours son petit effet.





Je relatais plus haut qu'à 17h30 l'ami Rachid Taha était déjà passé par la case apéro, mais alors à 20h il avait également dû descendre quelques digestifs. Bon, on s'en fout, ça n'a pas empêché le concert d'être une réussite. Cela dit, heureusement que son copain au sitar était là pour tenir la note dans les backvocals, quand même. Au bout de cinq chansons, Mick Jones se ramène, empoigne sa guitare, et c'est parti pour une reprise de Rock The Casbah version arabe. Bon, le truc relou c'est qu'on peut pas chanter. Deuxième grand moment, deuxième reprise des Clash : Should I Stay Or Should I Go. Folie incontestable et communicative dans le public bien entendu, par contre quand 15 groupies garçons (oui, ça existe) de Peter Doherty se ramènent à fond la caisse à la queue-leu-leu et bousculent tout le monde parce que O MIRACLE, ils ont reconnu une chanson parmi un set de une heure, forcément, il y a quelques coups qui ne se perdent pas.

Le concert de Coeur de Pirate passe à la trappe puisque je dois aller rejoindre les White Rabbits en interview - timing parfait, excuse toute trouvée pour éviter ce concert redouté d'avance. Retour à la Chapelle rock'n'roll donc, pour un entretien à la fois troublant et génial avec deux des Lapins Blancs. Troublant parce que c'est déstabilisant quand quelqu'un qui vous parle ne vous regarde pas dans les yeux (ses pieds, ses mains, sa bière), et génial parce que n'ayant eu que peu de temps pour préparer cette interview (apprendre la nouvelle une demie heure avant de partir de Rennes, c'est sympa dans le genre), c'est toujours bien de tomber sur des pipelettes qui parlent sans s'arrêter. Photo, serrage de main, what's your name again? et retour à la place Poulain Corbion.
J'arrive au moment du rappel, sur ce qui semble être une reprise de I Kissed A Girl de Katy Perry. Déjà l'originale ne volait pas haut, mais alors la version piano-voix ne fait que confirmer à qui ce concert était destiné : les quelques dizaines ou centaines de gamines de 12 à 15 ans qui occupaient les premiers rangs. A ce qu'on m'a raconté, la grosse majorité du public s'est fait chier (des dires confirmés par Ouest France et Paplar soit dit en passant). Rien loupé, donc.


Pas la peine d'y aller par quatre chemins : un concert de Peter Doherty, ça peut être un moment acoustique et d'apparence intimiste génial, ou un gros foirage dans les règles de l'art (alcool, drogue, voire non-présence du protagoniste tout simplement). Fort heureusement pour les briochains qui, mine de rien, sont présents en grand nombre à 23h30 pour le concert du dandy anglais déjanté, la performance a appartenu à la première catégorie, ce qui a d'ailleurs dû en surprendre plus d'un.
Comme désormais souvent aux concerts de Doherty, le public se divise en plusieurs catégories : 1/ les éternelles groupies accompagnées de leurs boyfriends déguisés en mini Pete Doherty, 2/ les gens qui apprécient la musique de l'anglais mais restent perplexe jusqu'à la dernière minute sur sa présence ou non au concert, 3/ les curieux qui sont venus voir si le junkie le plus célèbre des tabloids allait faire un scandale sur scène, et 4/ les gens qui ne savent pas trop ce qu'ils font là. Aux vues des diverses réactions que j'ai pu entendre ce soir-là, j'ai eu l'impression que les différents publics avaient été conquis par le set acoustique étonnamment maîtrisé, bien qu'en grande partie improvisé. Doherty ne marche pas à la setlist, c'est bien connu. Depuis quelques mois, il essaye de se détacher de son image scandaleuse, de se racheter une conduite, et ça lui réussit plutôt bien. Les deux seuls petits bémols que l'on peut relever, c'est qu'il n'y a pas eu d'inédits (okay il y a eu de la b-side des Babyshambles avec The Ballad Of Grimaldi et des Libertines avec Dilly Boys mais ça n'est pas pareil), et surtout, SURTOUT, pas de duo avec Mick Jones sur Time For Heroes ; l'occasion était pourtant rêvée, les deux hommes étant en plus de grands amis (second rappel historique : 2002, Mick Jones produit le premier album des Libertines, groupe d'origine de Doherty). Mais ces deux bémols restent anecdotique, "de la déception de connaisseur" m'a-t-on fait noter.




A 0h30, les amateurs de rock disposant d'un pass avec accès à toutes les scènes du festival se rendent au Forum de la Passerelle pour voir les White Rabbits. Leur musique n'est pas sans rappeler des compatriotes à eux qui étaient à Art Rock l'année dernière, j'ai nommé Cold War Kids. Un rock teinté de soul, un chanteur aux claviers, un autre à la guitare, et deux batteurs, donc des percussions très présentes. Mais faire trop rapidement le rapprochement White Rabbits = Cold War Kids serait faux, et tout simplement aussi inexact que Sex Pistols = The Clash ou Neil Young = Bob Dylan. Nos petits lapins commencent leur set avec une reprise de Nightclubbing de Iggy Pop, difficile d'imaginer meilleure mise en bouche. L'accent mis sur les percussions est vraiment la signature sonore du groupe, alors quand les deux batteurs sont rejoints par le bassiste au tambour sur Percussion Gun, autant dire que ça envoie sec. Quelque part, on regrettera que le groupe n'ait pas eu la chance de jouer sur la grande scène de Poulain Corbion, mais d'un autre côté, on se réjouira de l'ambiance beaucoup plus privilégiée de la Passerelle, de gens qui savaient pourquoi ils étaient là.





DIMANCHE 23 MAI



J'ai toujours eu un don pour me retrouver à côté de gros relous pendant les concerts, eh bien The Go! Team n'a pas échappé à la règle. La chanteuse est bien mignonne à sauter dans tous les sens sur scène et à dispenser par la même occasion un cours d'aérobic au public, mais quand deux connasses se mettent dans l'idée de l'imiter, clope à la main, ça vous donne des sueurs froides à la vue d'une cigarette qui s'approche dangereusement de votre globe oculaire. Et ce pendant un quart d'heure. Le concert en lui même était assez monotone, je vais pas dire que quand on a vu une chanson on les a toutes vues, mais presque.


Autant la veille, la moyenne d'âge ne volait pas haut entre les collégiennes venues pour Coeur de Pirate et les lycéens pour Peter Doherty, mais là c'était plutôt les parents qui avaient fait le déplacement en masse pour venir voir l'un des piliers de la chanson française (de qualité, il est important de le préciser) depuis pas loin de cinquante ans, Jacques Dutronc. D'ailleurs, au passage, petite devinette : à quoi reconnaît-on une légende vivante ? C'est tout simplement la seule personne qui n'a pas à porter un bracelet pendant le festival pour accéder à l'entrée VIP ou aux backstages, les vigiles comme n'importe qui d'autre le reconnaissent instantanément et monsieur a donc le privilège de ne pas avoir de bracelet. Même Peter Doherty la veille devait en porter un, c'est dire. C'est purement anecdotique, mais c'est assez rare pour être souligné. Le concert en lui-même était charismatique, c'est le mot, ponctué de petites remarques à la Dutronc entre les morceaux du style "eh vous aux fenêtres là-vas, vous avez le droit d'applaudir aussi", ou comment se faire griller en beauté. Les chansons de Dutronc n'ont pas vieilli, par contre lui, si, un peu - ça me fait mal au coeur, mais force est de constater que sur certaines chansons (notamment Les Cactus et Et Moi, Et Moi, Et Moi, donc pas des moindres), les fins de vers se rapprochaient plus du chant d'un animateur de fête foraine que du Dutronc de 1967. On va mettre ça sur le compte de "tout le whisky qu'il s'est envoyé" (sans régime végétarien, je pense) pendant quarante ans, hein.


Celui qui clôture donc le festival pour la scène de Poulain Corbion est Gaetan Roussel. Beaucoup de gens sont partis juste après Dutronc, mais il reste quand même pas mal de monde pour le leader de Louise Attaque. Tout son album solo y passe, dont l'incontournable Help Myself qui est un gros succès radiophonique et télévisuel, et donc du pain béni en live pour le groupe, et ça se ressent au niveau du public qui connait la chanson quasiment par coeur. Sortie de scène, puis le groupe revient pour un rappel avec une reprise de Psycho Killer des Talking Heads, COMME A YAKAYALÉ le mois précédent, c'est d'ailleurs assez dommage car une reprise qui revient à chaque concert n'a que peu d'intérêt, mais bon. Le public est totalement dans l'ambiance, à tel point qu'il ne veut pas laisser le groupe sortir de scène une deuxième fois. Gaetan Roussel explique qu'ils n'ont plus de chansons à jouer, même une inédite y est passée, ils se voient donc contraints de jouer une seconde fois Help Myself. Une petite reprise de Louise Attaque aurait certainement eu le même effet, mais bon, il est compréhensible que le leader du groupe en pause essaye de faire la part des choses et de s'imposer en solo aux yeux du public.



Photos credits : Vous avez sans doute remarqué qu'il n'y a pas de photos pour accompagner tous les concerts relatés. Que voulez-vous, Stage Invasion est un petit média, et apparemment j'avais pas tout à fait accès à l'espace photographe, donc après l'exception Miss Platnum, ça a été no entry. Putain, pour une fois que le matos photo était digne de ce nom en plus - un grand merci à Charloute au passage.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

On a bien fait d'attendre c'est un très bon live report, je suis plutôt d'accord, ce que j'ai vu m'a laissé une impression semblable, par contre je me demandais - parce que je ne me rappelle plus - t'étais pas là à Caravan Palace? En tout cas, l'année prochaine on prend les mêmes et on recommence, en espérant que Johnny ne va pas mourir sinon je sais pas où on dort!

Anonyme a dit…

Et du coup, il est où le crédit pour les autres photos si elles ne sont pas de toi ?

MARION L. a dit…

Anonyme -> Si tu étais à la Passerelle tu as remarqué qu'il n'y avait pas de crash photographe et que tout un chacun (presse) était libre de prendre des photos. Donc ce sont également les miennes.