SEASICK STEVE
LIVE REPORT
25NOVEMBRE2009
RENNES, UBU
LIVE REPORT
25NOVEMBRE2009
RENNES, UBU
Quasi septuagénaire, Seasick Steve est l'un de ces artistes qui, une fois sur une scène, ne vous laisse pas indifférent, loin de là. On pourrait dire que c'est un vieux de la vieille, qui a vécu l'âge d'or du rock'n'roll, l'apogée de la vague hippie et la naissance du grunge (Kurt Cobain a d'ailleurs vécu à l'étage de son studio d'enregistrement à Seattle quelque temps). En fait, on pourrait dire tout ce qu'on veut à son sujet, mais rien ne vaut d'avoir vu ce type sur une scène pendant plus d'une heure et demie, exercer ce qu'il fait à la perfection : le blues.
Chose rare lors d'un concert à l'Ubu : Seasick Steve est le seul groupe ce soir. Pas de première partie, juste un dj qui régale l'assistance avec des morceaux rock'n'roll blues des années 1950 et 1960 en attendant que Steven Gene Wold, de son vrai nom, monte sur scène. 21:10, il prend place sur sa chaise, assez comparable à un trône, au milieu de la scène. A sa droite, son batteur, seul musicien qui l'accompagne (ils se charrieront mutuellement tout le concert) ; à sa gauche, son ampli Cube de Roland (tout petit ampli qui arrive à la moitié du mollet en hauteur, et qui doit peser 8kg à tout casser).
A peine la première chanson entamée, on se retrouve déjà dans le Tennessee, quelque part au bord du Mississippi. Un peu à la Clint Eastwood dans Gran Torino, mais plus occupé à chanter du Bo Diddley sous son porche qu'à maudire ses voisins chinois. Pas de bouteille d'eau pour lui, Seasick Steve marche au vin rouge en guise de rafraichissement entre les morceaux.
On arrive à la quatrième chanson du set et la température est déjà difficilement supportable dans la salle. Mais Steve décide de la faire monter d'encore quelque degrés, tout en tombant la chemise, ce qui lui vaudra le nouveau surnom de "Seasex Steve", lancé par quelqu'un dans le public.
En guise d'enchaînements entre les chansons, Seasick Steve nous raconte l'histoire de ses instruments, comme sa guitare à trois cordes made in Japan au son dégueulasse, achetée $75 à un ami qui l'avait en fait lui-même achetée $25 le jour précédant dans une brocante. "Personne ne veut de cette guitare ? Allez, je la vends $10 !" Il a également rafistolé une petite planche en bois, sur laquelle il a fixé une seule et unique corde, ainsi qu'une vieille boite de conserve de maïs sur le manche, et une poignée d'un vieux van des années 1970 qui "ne sert strictement à rien" !
Arrive la reprise de I'm So Lonesome I Could Cry de Hank Williams, pour laquelle il fait monter sur scène Amy LaVere, jeune chanteuse du Tennessee. Une gorgée de Jack Daniel's chacun, directement au goulot, et c'est parti !
Entre deux chansons, il nous raconte aussi des épisodes de sa vie. On apprend que son beau-père le battait lorsqu'il était ado, et qu'un jour, il est allé jusqu'à le faire passer par la fenêtre de sa chambre (qui était fermée), ce qui a poussé Steve à lui piquer son semi-automatique, à le charger, dans le but de lui mettre une balle dans la tête. Il nous explique qu'il s'est ravisé au dernier moment, lorsqu'il eut une révélation ("but it wasn't Jesus !", il précise) lui faisant comprendre qu'il n'avait pas forcément envie de passer le reste de sa vie en prison pour avoir tué quelqu'un, et qu'il ferait mieux de prendre ses clics et ses clacs et de se barrer, à 14 ans, sur les routes du pays avec sa guitare. Et il a bien fait.
Si vous n'aviez auparavant jamais entendu parler de Seasick Steve, jetez donc un oeil à cette vidéo de la Blogothèque, filmée à l'occasion du Festival des Inrocks 2008 à Paris :
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SEASICK STEVE.
album Man From Another Time (Atlantic Records)
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