SAUVETAGE D'AMES SOUS LA PLEINE LUNE

JIM JONES REVUE
INTERVIEW
2NOVEMBRE2009
RENNES, UBU

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les types de The Jim Jones Revue savent de quoi ils parlent lorsqu'ils abordent le thème du rock'n'roll. Normal, puisque ces messieurs le jouent comme (plus) personne : avec fureur et swing ravageur. Un public averti ne s'y trompe pas : peu de groupes peuvent se vanter d'avoir été choisis par Chuck Berry pour assurer la première partie de ses concerts. Ça tombe bien, Stage Invasion fait partie de ce public averti.
Interview rock'n'roll avec The Jim Jones Revue... ou plutôt avec Jim Jones, leader, le plus loquace de la bande.





STAGE INVASION : Vous dites que ce que vous essayez de faire, c'est de revenir à l’esprit originel du rock'n'roll. C'est quoi pour vous cet esprit ?
JIM : Il ne s'agit pas d'y "retourner", mais plutôt de le récupérer et de le ramener à notre époque. Il n'y a pas de notion de nostalgie dans ce que nous faisons. On n'est pas un de ces groupes qui ont la même coupe de cheveux, ou la même chemise que les types des années 1950. On veut juste essayer de retrouver l'esprit perdu de cette musique. Je crois qu’il est perdu, parce que je n'entends plus personne jouer de cette manière. Si tu ne peux pas le ressentir, alors tu ne pourras probablement jamais le comprendre, peu importe de quelle façon j'essaye de le décrire.

Ça a beaucoup à voir avec le fait d'avoir différents éléments connectés : l'énergie punk du rock, mais également le swing. Généralement, si les groupes ont l'énergie, ils n'ont pas le swing. Et, quand ils ont le swing, ce sont des groupes de musique de salon, assez calmes, un peu du style... Frank Sinatra ! Ils n'ont pas la fureur du rock. Cet esprit est une sorte d'agression sexy. C'est à la fois être en vie et être euphorique. C'est le premier style de musique qui est parvenu à capturer cette espèce d'excitation d'être en vie. Les gens l'ont historiquement appelé la « naissance du rock'n'roll ».


// C'est pas un peu louche que ce soit un groupe 100% british qui s'intéresse à l'esprit perdu du rock'n'roll ricain ?
JIM : Ouais, peut-être, malheureusement... Tu sais, selon la Bible, l'homme qui sauva le monde n'était pas originaire du même univers que le commun des mortels...
(rire collectif)

RUPERT : Mais tu vas où là, mec ??! Citer la Bible !

JIM : Je veux dire, un endroit inattendu pour qu'une bonne chose arrive... C'était la référence théologique de la journée !


// Sur votre page wikipédia française, quand on clique sur le lien Jim Jones, on tombe directement sur la page du type qui a orchestré le massacre de Jonestown. La référence était-elle voulue ?
JIM : C'est une coïncidence, il n'y a pas de référence. Jim Jones est mon vrai nom, je suis né en 1967, c'est-à-dire avant que le type décide de tuer tout le monde. Mes parents ne se sont pas dit : « tiens, c'est un bon nom de meurtrier pour notre fils ! »


// Vous pensez que Jonestown devrait figurer sur les guides touristiques ? Ça devient une référence, notamment avec le Brian Jonestown Massacre...
JIM : Probablement, ouais. Après tout, pourquoi pas ? C'est devenu une sorte de point de repère... Les gens vont voir des endroits comme Auschwitz, alors pourquoi pas Jonestown ? Mais, il y a des chances pour que je n'y aille pas... (rires)


// Vous allez assurer la première partie des concerts de Chuck Berry sur toute sa tournée anglaise à la fin du mois. Qu'est-ce que ça fait d'ouvrir pour un dieu ?
JIM : C'est un truc de dingue. Il nous a choisi en fait ! Quand on a appris la nouvelle, on n'y croyait pas. « No way ! » Ce type a fait tellement pour la musique. Il n'est pas le seul guitariste de cette époque qui jouait de cette façon, mais il est celui qui a rassemblé tous les styles pour en faire quelque chose de populaire, quelque chose qui a traversé toutes les générations. Il a distillé tout ça. Il jouait avec les accords de piano ; c'est lui qui a inventé la version guitare du boogie woogie au piano. Il a montré à tout le monde comment ça marchait.


// Vous êtes déjà venus à Rennes il y a six mois. Vous avez joué au Mondo Bizarro, c'était complet. Quel souvenir en gardez-vous ?
JIM : C'était difficile de respirer ! Tout le monde fumait clope sur clope dans les premiers rangs !

RUPERT : C'était notre premier concert en France surtout. C'était incroyable, on était là : « bordel de merde, qu'est-ce qui se passe ici ??! » Et tous les mecs des premiers rangs ont retiré leurs t-shirts, et on s'est retrouvés à mâter des mecs torse poil !


// Little Richards disait : « La cupidité s'est emparée du monde. Personne ne s'inquiète plus de savoir ce que va devenir son âme. » Vous dites que vous êtes là pour sauver nos âmes. C'est quoi le plan ?
JIM : Musicalement parlant, ouais. J'essayais d'expliquer ça à un type il y a quelques jours ; quand un bateau est en train de couler, il envoie un S.O.S, save our souls. Si les gens sont désespérés, qu'ils viennent à nos concerts, parce qu'on pourra peut-être leur apporter une raison de sourire à nouveau. Demain sera un jour meilleur.


// Sur votre site, vous écrivez que votre musique est garantie pour faire bouger chaque fête jusqu'à ce que le toit de la maison s'effondre... Est-ce que vous voulez détruire ce club ?!
RUPERT : Carrément ! En fait, notre tout premier concert fut dans un petit pub de Londres Est, The George. On a commencé à jouer, tout le monde dansait, et on a dû s'arrêter parce qu'à la fin, les gens pensaient vraiment que le toit allait s'effondrer. Quand on fait un concert, on aime que tout l'endroit bouge, on veut sentir que le toit est à deux doigts de tomber, on n'est pas comme ces groupes qui se contentent de regarder leurs pieds en jouant et qui se foutent de tout le reste.

JIM : Dans l'idéal, on souhaiterait que dans chaque endroit où l'on joue, les gens montent sur les tables, les fassent tomber, et à la fin du concert, qu'ils courent dans les rues, hystériques et nus. Mais, c'est un idéal... (rires)


// Vous aimez les stage invasions ?
JIM : Si les gens montent sur la scène pour slamer dans le public ensuite, pas de problème, mais lorsqu'ils montent sur scène pour traîner dans le coin, autant qu'ils ne le fassent pas. On n'est pas statique quand on joue, on bouge pas mal, et on ne voudrait pas que quelqu'un soit blessé. Si tu peux monter, c'est cool, mais décampe vite ! C'est notre concert, c'est notre scène, si tu restes dans le coin tu vas te blesser. On a besoin d'espace pour travailler : voilà notre réponse à la question !


// Les concerts de The Jim Jones Revue sont-ils dangereux ?
RUPERT : Non, tout le monde passe un bon moment !

JIM : Il y a évidemment une sorte de danger, mais au niveau musical. Mais c'est le même genre de danger que l'on ressent avec le sexe. C'est du danger excitant, du bon danger. C'est cool pour les gars de jouer aux durs, mais qu'ils fassent attention aux filles qui sont devant et veulent juste danser. Passez un bon moment, mais soyez des gentlemen ! On n'est pas un groupe skinhead, on ne veut pas que les gens se fassent mal.


// Comme tous les groupes de rock'n'roll, vous aimez sûrement l'alcool...
JIM : Le vin, le bourbon, la bière... et peut-être un whisky. J'adore le whisky, mais quand c'est un bon whisky.

RUPERT : Cette tournée a été chargée, beaucoup de dates, peu de sommeil, donc on ne peut pas boire énormément.

JIM : En tant que groupe professionnel, la boisson n'est pas un sujet important en ce qui nous concerne, parce qu'on s'efforce de donner le meilleur de nous même chaque soir. Quand un groupe ne joue qu'un ou deux concerts par semaine, il peut se permettre de s'amuser, les types sont là : « okay, on va sniffer de la poudre puis se mettre minable, on est les meilleurs », puis il faut trois jours pour récupérer. Nous, on doit jouer tous les soirs, donc on prend ça au sérieux quand les gens payent leur place pour venir nous voir jouer, et on veut être en mesure de pouvoir nous donner à 100%. Quand tu fais pas attention à ce genre de choses, tu perds ta voix, tu te fous en l'air, tu te perds dans les villes que tu ne connais pas... c'est un comportement égoïste, en fait.

RUPERT : Hier, c'était notre premier soir de repos en deux semaines !

JIM : On estime que picoler, c'est le job du public !


// Est-ce que vous pouvez donner un titre à cet entretien ?
RUPERT : C'est pas censé être votre job, ça ??! (rires)

JIM : « Sauvetage d'âmes sous la pleine lune » ...Ce soir, c'est bien la pleine lune ?





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THE JIM JONES REVUE.
album The Jim Jones Revue (Punk Rock Blues)