PETER BJORN AND JOHN
INTERVIEW
17OCTOBRE2009
RENNES, UBU
Peter Bjorn et John pourraient être les prénoms de vos trois « meilleurs copains » de l’école primaire, vous savez, les types avec qui vous avez fondé le « club des superhéros », sorte de ligue qui fait le bien et que tout le monde vénère dans la cour de récré.
Aujourd’hui ces trois copains ont grandi, et même si ils ont gardé leur côté friendly, au fond d’eux se cache un esprit malade et dérangé. Sachant que leur cadeau d’anniversaire pour Bjorn est un nain de jardin en or massif, qu’ils disent aimer frapper les petits animaux et que Peter essaie de te cogner avec une bouteille de vin en plein milieu de l’interview, là oui, tu constates qu’ils ont changé. Bien sûr, on peut mettre ça sur le dos de leur culture nordique plus qu’imprégnée de métal (ce genre de musique satanique qui te pousse à te mutiler) et de l’Energybox.
Rencontre avec Peter Bjorn and John... mais sans Bjorn.
STAGE INVASION : Comment êtes-vous arrivés à ce nom, Peter Bjorn and John ?
PETER : On a essayé pas mal de noms différents, et puis un ami nous a suggéré "pourquoi vous ne prenez pas tout simplement vos noms ?" On y a réfléchi un petit moment, et finalement on s'est dit pourquoi pas. Maintenant, ça nous paraît être la meilleure des idées, et de loin !
// Ça vous fait quoi quand les gens vous appellent "le groupe avec la chanson au sifflement" (Young Folks) ?
JOHN : A vrai dire, on a deux-trois chansons qui comprennent un sifflement, donc si on prend ça en compte, c'est vrai. Mais, certaines personnes viennent à un concert en espérant qu'il y aura une dizaine de chansons dans le style de Young Folks, alors que nos chansons sont assez différentes, comprennent différents styles de musique. Dans ce cas-là, ça peut être un problème… pour eux ! Pas pour nous.
PETER : Comme hier, il y avait beaucoup de jeunes bourrés au concert de St Lô, et ils ne connaissaient aucune autre chanson !
JOHN : (rires) Ils ne sifflaient pas la mélodie, ils la criaient ! Ça donnait un truc assez horrible...
// C'est la première fois que vous tournez en France ?
PETER : On a joué à Paris quelques fois auparavant, mais jusque là on n'avait encore jamais fait de vraie tournée, avec plusieurs dates, c'est la première fois que l'on tourne dans des clubs français. J'espère que ce ne sera pas la dernière, et qu'on reviendra dans cinq ans.
JOHN : Cinq ??! Deux ans, plutôt.
// Quand sera réalisé le prochain album ?
PETER : On espère qu'il sortira début 2011. Donc, ouais, on revient dans deux ans !
// Pour l'enregistrement de Living Things, vous avez mentionné avoir fracassé des bouteilles les unes contre les autres, et avoir éclaté des ballons pour obtenir de nouveaux sons, des trucs jamais entendus auparavant en musique. C'est important pour vous d'expérimenter de nouveaux sons ?
JOHN : Oui ça l'est, on aime faire ce genre de choses, parce que tu peux arranger une chanson comme tu le veux, et ces deux dernières années, on a vraiment été dans l'idée de créer de nouvelles choses en combinant différents instruments, pour avoir un son original. Le but était de créer notre propre son. Mais finalement, chaque artiste cherche à faire quelque chose qui lui soit propre. Donc je pense que sur le prochain album, on va juste utiliser une guitare, une basse, et une batterie, comme un groupe de punk rock, et essayer de faire quelque chose d'intéressant avec ça, parce que c'est quelque chose qu'on n'a jamais fait auparavant.
PETER : C'est vrai qu'on essaye tous de faire un truc différent pour chaque nouvel album, et c'est logique quelque part. Mais en fin de compte, si tu écoutes les cinq albums qu'on a fait, tu retrouveras une certaine patte, parce qu'on a toujours quelques mélodies similaires, et des progressions d'accords semblables. L'autre jour, on s'est rendus compte que deux de nos chansons ont exactement les mêmes accords. On ne l'avait jamais remarqué auparavant parce qu'il y a beaucoup d'arrangements tout autour, ce qui fait qu'on remarque à peine les accords. Il nous faut changer les arrangements et les sons pour faire un nouvel album, sinon, t'as juste l'impression de faire le même album, encore et encore ! ...Ce qui n'est pas si mal en soi, je veux dire, beaucoup de gens font ça très bien...
JOHN : Ouais, on s'en rend compte dans la musique de ACDC ou Motörhead par exemple. Je veux dire, ces groupes là ont un son à eux, qui leur est propre, et s'évertuent à le reproduire encore et encore. On n'est pas vraiment ce genre de groupe.
// Oui, ils n'essayent pas d'innover...
JOHN : Non, mais c'est cool, je trouve ça assez dingue même. J'aimerais bien pouvoir parvenir à ça.
// Mais c'est presque trop facile.
PETER : Je crois pas que ce soit si facile, au contraire, il faut réussir à rendre ça toujours aussi intéressant et tout... Alors que si tu changes de style tout le temps, c'est plus facile de surprendre, dans un sens.
// Comment décririez-vous votre musique, alors ?
PETER : Je dirais qu'on fait de la pop, mais que lorsque l'on joue en live la musique prend un côté rock, dans le sens où c'est assez intense, énergique, et ça surprend pas mal de gens. Et quelques chansons sont folk... On aime bien mélanger les styles. On est éclectiques.
JOHN : Il y a longtemps, un type dans une ville en Suède est venu nous voir en disant : "moi, tout ce que j'aime, c'est le heavy metal, les musiques vraiment lourdes. Mais vous, les gars, je dois le reconnaître, vous êtes vraiment bons !" Donc je pense qu'on est susceptibles de plaire à tout le monde.
PETER : Notre public est assez varié : on a aussi bien des gens assez âgés, la soixantaine parfois, que de jeunes enfants, et la majorité du public a entre vingt et trente ans.
// Vous avez formé le groupe en 1999. En dix ans, qu'est-ce qui a changé ?
JOHN : Internet ! A l'époque, les gens allaient chez un disquaire pour découvrir un groupe et aujourd'hui, c'est par internet que la musique s'écoute. Quand on a commencé, notre but c'était de vendre des disques. Maintenant, on veut toujours faire ça, mais tout a tellement changé... c'est devenu difficile.
PETER : Qu'est-ce qui a changé ? Eh bien, on a pris dix ans... mais la sagesse n'est toujours pas là ! (rires) Non, ce qui a vraiment changé, c'est qu'aujourd'hui on peut vivre de notre musique, le groupe, c'est notre boulot. Au commencement, on avait chacun un taf à côté, un autre moyen de se faire de l'argent. Aujourd'hui, on n'a plus à aller au bureau le matin...
// Je ne sais pas si vous avez entendu ça, mais Stockholm a été élue "championne de l'environnement 2010" par la commission de Bruxelles. Est-ce que vous êtes dans l'écologie, ce genre de trucs ?
JOHN : Pas mal, ouais. Dans les pays nordiques, le gouvernement responsabilise les citoyens sur ce genre de préoccupations...
PETER : La Suède, et les pays comme le Danemark, la Norvège, sont très bons pour ce genre de choses, et pour ce qui est de l'égalité entre homme et femmes, etc... Mais quand tu vas dans un pays comme les Etats-Unis, en ce qui concerne l'environnement par exemple, tu te rends compte qu'ils ne font rien, alors qu'ils sont le pays le plus puissant au monde et celui qui a le plus d'impact sur les autres.
JOHN : On se sent pas à l'aise quand on va tourner aux USA, et qu'on voit toute la circulation qu'il y a dans chaque ville, il y a de la pollution partout, c'est horrible ! Et c'est flippant, ça ne fait que s'accentuer encore et encore.
// Votre musique est plutôt gaie, ça met de bonne humeur, donc on se demandait : vous êtes comme ça, dans la vie, ou vous êtes de gros connards ?
PETER : Non ! (il prend la bouteille de vin et feinte de nous la balancer, ndlr)
JOHN : En fait, on aime bien frapper les gens. Et aussi les animaux. On aime battre les animaux. C'est drôle, tout spécialement les petits animaux.
(rires)
// Sur votre site web, il y a une biographie de votre groupe, que vous avez écrite vous même, et qui est assez drôle. Cela dit, on a remarqué qu'il y avait beaucoup d'allusions à l'alcool dedans. Alors, c'est quoi votre alcool de prédilection ?
PETER : En premier, le vin rouge. Et en deuxième, je dirais que la bière et le whisky arrivent ex-aequo.
JOHN : Pour moi, c'est une bière qui s'appelle HOF et que l'on trouve seulement dans un endroit de Stockholm.
// Vous aimez les stage invasions ?
PETER : Oui ! Une fois, on jouait à Nashville, et tout le public a fini sur scène.
JOHN : Il faut dire qu'on les avait incités à monter aussi... Ça devrait être comme ça plus souvent.
// Pour terminer, vous pouvez trouver un titre à cette interview ?
JOHN : Peut-être un truc à propos du fait qu'on aime bien frapper les petits animaux...
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PETER BJORN AND JOHN.
album Living Things (Wichita)
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