I'M FROM BARCELONA
INTERVIEW
26OCTOBRE2008
RENNES, UBU
Petit moment de panique irrationnel, comment interviewer un groupe de 24 membres sans que ça parte en grand n'importe quoi ? Fort heureusement, notre intellect supérieur a vite fait la part des choses, on n'aura bien sûr à faire qu'au fondateur et leader, Emanuel Lundgren. Puis second (petit) moment de panique, cet homme a l'air diablement sérieux ! Mais une fois encore, on est des gens malins, et on a plus d'un tour dans notre dictaphone. C'est là que notre plan en trois étapes intervient, et croyez-moi, il est totalement imparable.
Tout d'abord, directement après les présentations, attaquer avec "We have a present for you!", qui a pour but d'éveiller la curiosité du ou des interlocuteurs. (Il est ici nécessaire de marquer une petite pause, afin de rendre l'attente plus savoureuse.)
La seconde phase est la plus délicate, il s'agit d'extraire la bouteille de vin du sac, ni trop rapidement, ce qui briserait l'effet provoqué par l'attente, ni trop lentement, ce qui provoquerait un sentiment d'impatience, et tout le monde sait que l'impatience mène à la nervosité, la nervosité à l'énervement, et l'énervement à une interview pourrie, ce qui est bien sûr l'effet inverse de celui recherché initialement. Mais si tout se passe bien, une lueur de plaisir apparaît dans les yeux de l'artiste.
Enfin, la troisième et dernière phase conclu ce plan magnifiquement élaboré, et doit achever la proie. Il s'agit de présenter, toujours avec subtilité, l'objet de la situation, le tire-bouchon. Là, la lueur se transforme en véritable supernova, et se traduit généralement par les mots "Oh, you are so nice !" prononcés sur un ton mielleux.
Voilà comment instaurer une ambiance paisible pour le bon déroulement d'une interview, chacun buvant son verre de vin, en rayonnant de bonheur à chaque gorgée. Malheureusement, tout le monde sait qu'un plan ne se déroule jamais comme prévu, et c'est pourquoi après avoir quitté ce bon vieux Emanuel, on s'est rendu compte : "L'enfoiré, il nous a piqué le tire-bouchon !".
Tout d'abord, directement après les présentations, attaquer avec "We have a present for you!", qui a pour but d'éveiller la curiosité du ou des interlocuteurs. (Il est ici nécessaire de marquer une petite pause, afin de rendre l'attente plus savoureuse.)
La seconde phase est la plus délicate, il s'agit d'extraire la bouteille de vin du sac, ni trop rapidement, ce qui briserait l'effet provoqué par l'attente, ni trop lentement, ce qui provoquerait un sentiment d'impatience, et tout le monde sait que l'impatience mène à la nervosité, la nervosité à l'énervement, et l'énervement à une interview pourrie, ce qui est bien sûr l'effet inverse de celui recherché initialement. Mais si tout se passe bien, une lueur de plaisir apparaît dans les yeux de l'artiste.
Enfin, la troisième et dernière phase conclu ce plan magnifiquement élaboré, et doit achever la proie. Il s'agit de présenter, toujours avec subtilité, l'objet de la situation, le tire-bouchon. Là, la lueur se transforme en véritable supernova, et se traduit généralement par les mots "Oh, you are so nice !" prononcés sur un ton mielleux.
Voilà comment instaurer une ambiance paisible pour le bon déroulement d'une interview, chacun buvant son verre de vin, en rayonnant de bonheur à chaque gorgée. Malheureusement, tout le monde sait qu'un plan ne se déroule jamais comme prévu, et c'est pourquoi après avoir quitté ce bon vieux Emanuel, on s'est rendu compte : "L'enfoiré, il nous a piqué le tire-bouchon !".
STAGE INVASION: En un mot, comment décrirais-tu la musique de ton groupe ?
EMANUEL : En un mot ? Euh... Fun.
// Votre groupe s'appelle I'm From Barcelona, tu penses vraiment que Barcelone est en Suède, ou alors tu es juste très mauvais en géographie ?
EMANUEL : Est-ce que Barcelone est en Suède ? Non, tu plaisantes. En fait, lorsque j'ai choisi le nom, je n'étais jamais allé à Barcelone, ce n'est pas vraiment en rapport avec la ville, c'est plus parce que j'adore John Cleese, qui a réalisé Fawlty Towers.
// Est-ce que tu parles français ?
EMANUEL : Non, désolé.
// Qu'est-ce que tu connais à la musique française ?
EMANUEL : Eh bien, depuis que l'on joue en France, j'essaie d'aller voir des groupes en festival, mais je pense que j'ai beaucoup à apprendre parce qu'en France, c'est un peu comme en Suède : il y a beaucoup de bons artistes qui chantent en suédois, mais que personne ne connaît en dehors du pays. C'est pareil en France je pense. En Suède, nous ne connaissons pas beaucoup de groupes... il y a Justice ou d'autres internationalement connus, mais il y a beaucoup d'artistes ici qui chantent en français.
// Tu as travaillé avec SoKo... On va la voir dans quelques semaines au festival des Inrocks. Pourquoi doit-on absolument la voir ?
EMANUEL : Ouais, vous lui passerez le bonjour. Elle est un peu folle, et tout peut arriver quand elle est sur scène, parce que... Ouais elle est juste un peu folle, mais dans le bon sens du terme !
// Quelle est ton influence majeure ?
EMANUEL : J'adore David Bowie, il a bien vieilli, il a toujours cherché à faire quelque chose de nouveau, et c'est une bonne chose parce que beaucoup d'artistes font la même chose pendant des années et restent dans le même style. Mais j'aime beaucoup de vieux trucs comme Tom Waits, c'est un très bon parolier. Et Prince est également un bon parolier, même s'ils sont totalement différents.
// Scarlett Johansson a fait un album de reprise de Tom Waits...
EMANUEL : Oui j'en ai entendu quelques unes. C'est une bonne production, on se rend bien compte que TV On The Radio y a participé, ça rend bien. On peut lire quelques critiques dans lesquelles les gens disent qu'il est sacré et qu'on ne doit pas toucher à son œuvre, mais je pense que c'est cool, peut être que des gens vont découvrir Tom Waits à travers ses reprises.
// As-tu un souvenir particulier d'un des concerts d' I'm From Barcelona ?
EMANUEL : Il y a deux ans, on a joué aux Trans Musicales. On avait déjà joué dans pas mal de clubs, mais je ne crois pas que l'on ait joué devant tant de personnes avant ce concert. C'est pourquoi c'est un souvenir particulier, c'était un peu : "Merde, il y a tellement de monde !" Et pour nous, c'était une nouvelle expérience parce que nous interagissons beaucoup avec le public, et là nous étions soudain dans un grand festival, où il y a des vigiles et nous étions séparés du public. Ce n'était vraiment pas facile d'interagir avec le public. On a fait de notre mieux !
// Comment comptez-vous faire tenir tous les membres du groupe sur la petite scène de l'Ubu ?
EMANUEL : Eh bien déjà, nous ne sommes que seize ce soir ! Alors on verra, il faut savoir improviser parce qu'on a souvent joué dans des petites salles, et ça a marché... Peut-être qu'on devra mettre le piano au milieu du public, on ne sait pas vraiment !
// Quel est le meilleur concert auquel tu aies assisté ?
EMANUEL : Euh... Laisse-moi réfléchir. En fait c'est un souvenir assez étrange... C'était la première fois que j'allais à Los Angeles, c'était en 2000, et je suis allé à une messe funéraire en l'honneur de Curtis Mayfield. Il venait juste de mourir, et il y avait 200 personnes dans l'église. Lauryn Hill pleurait et elle a chanté, il y avait aussi Stevie Wonder et Eric Clapton, et c'était vraiment étrange. Sa femme a prononcé un discours, et ouais c'était vraiment bizarre. Je ne peux pas vraiment dire que c'était un concert, mais c'est l'une de mes plus étranges et de mes plus belles expériences musicales.
// Qu'est-ce que tu écoutes quand tu es en tournée ?
EMANUEL : On a écouté le nouvel album d'un suédois qui s'appelle Dungen, je ne sais pas si vous avez entendu parler de lui, il chante en suédois et est en train de devenir assez célèbre aux États-Unis... Sa musique s'apparente à du psychédélique des années soixante, c'est vraiment bien.
// Quel est, pour toi, le pire groupe du moment ?
EMANUEL : Le pire groupe du moment ? C'est probablement quelque chose que je n'ai pas entendu ! J'ai beaucoup travaillé sur l'album ces derniers temps, et je puise mon inspiration en lisant des livres ou en regardant des films. Quand tu fais de la musique, c'est un peu "je ne veux pas copier quelqu'un d'autre", et si tu écoutes des choses que tu aimes, tu commences à te comparer à ça. Alors quand j'enregistre, je préfère lire des livres et regarder des films. Maintenant, j'essaie de rattraper ce que j'ai pu rater. Mais le pire groupe, je ne sais pas... Je n'écoute pas la radio, et je n'ai pas la télévision. Je ne me préoccupe pas de la mauvaise musique !
// Quelle est la chose la plus stupide que tu aies faite dans ta vie ?
EMANUEL : Ce n'est peut-être pas la plus stupide, mais comme on a parlé des Trans Musicales... J'étais monté sur scène avec mon téléphone portable dans ma poche... et je l'ai perdu. Je l'ai cherché jusqu'à six heures du matin, et le bus partait à huit heures, alors j'ai dormi à l'hôtel, et quand je suis descendu pour prendre le bus, le groupe m'avait attendu pendant plus d'une demie heure. Tout le monde m'a détesté quand je suis enfin monté dans le bus ! Donc ce n'est peut-être pas la chose la plus stupide que j'ai faite, mais je fais ce genre de trucs tout le temps... Je perds des objets. Je suis un peu tête en l'air.
// Ne prends pas ton téléphone portable ce soir alors...
EMANUEL : Je vais essayer de faire attention !
// A quoi es-tu le plus accro ?
EMMANUEL : Le Snus. C'est une forme de tabac suédoise que tu mets sous ta lèvre. Ouais, je crois que je suis accro à ça.
// Quel est ton alcool préféré ?
EMANUEL : Vous savez, je ne peux pas boire de spiritueux, parce que sinon je deviens fou. Donc je dirais que mon alcool préféré est le whisky.
// Quel membre du groupe va finir complètement par terre ce soir ?
EMANUEL : C'est difficile à dire... Vous savez, on ne sait jamais comment la nuit va finir ; certaines nuits sont relativement calmes et soudain, de je ne sais où, elles deviennent folles, mais ce soir... c'est probablement Rikard (le fûtiste, ndlr)... Non... en fait il ne peut pas boire tellement d'alcool, donc je ne sais pas... Si, peut-être Rikard !
// Donne-lui la bouteille de vin et on verra ! Enfin, pas avant le concert...
EMANUEL : Vous le verrez sûrement la boire pendant le concert ! Vous verrez la bouteille sur scène, et vous saurez qui est Rikard !
// Est-ce que tu as un rituel particulier avant de monter sur scène ?
EMANUEL : Je pense que la journée entière est une sorte de rituel... Mais nous n'avons pas de truc particulier avant de monter sur scène... En fait, si, on a une intro enregistrée, parce que tout le monde est dispersé un peu partout, donc quand les gens entendent l'intro ils savent que c'est l'heure de monter sur scène ! C'est ça le rituel.
// Comment est la vie en tournée quand on est vingt-quatre dans un groupe ?
EMANUEL : C'est fantastique en fait, de voyager tout autour du monde avec tes meilleurs amis. C'est beaucoup de bons moments. Beaucoup plus fun qu'être à quatre dans un groupe, parce que comme ça si tu t'engueules avec quelqu'un, tu peux facilement éviter cette personne. C'est vraiment bien. Ça me manquera quand je vais rentrer chez moi...
// Y a-t-il des couples dans le groupe ?
EMANUEL : Oui il y a des couples... trois ou quatre. Et des frères et sœurs aussi.
// Dans la chanson We're From Barcelona, tu dis "love is a feeling that we don't understand". Est-ce que tu as compris ce que c'était à présent ?
EMANUEL : Non, et je pense que je ne le saurai jamais. Je trouve que c'est mieux. Si tu comprends tout, je pense que tu perds tout l'intérêt de la chose... Toi, tu as compris ce que c'était ?
// Non, je voulais que tu m'expliques !
EMANUEL : Eh bien je ne peux pas, c'est ce que je dis : je ne le comprends pas !
// Obama ou Mc Cain ?
EMANUEL : Je suis du genre à penser qu'il y a des conspirations, et ce genre de choses... Et je pense que, que ce soit l'un ou l'autre, ce sera pareil. On fait choisir les gens mais on ne leur donne que deux choix. Je ne pense pas que ce soit ce qui importe. Ça finira de la même façon. Ce n'est pas seulement le Président qui décide aux États-Unis. Il y a les multi-nationales... vous savez, les gens qui détiennent l'argent...
// Est-ce que tu as une solution à la crise économique ?
EMANUEL : C'est quoi cette question !?! ...Euh, je pense que l'amour serait un bon départ...
// Est-ce que les stage invasions te dérangent ?
EMANUEL : Non. Ça fait partie du truc, du show...
// Ça va être difficile ce soir si vous êtes seize sur scène... Il n'y aura pas de place pour des gens en plus !
EMANUEL : Si des gens veulent se joindre à nous, ils peuvent, du moment qu'ils sont sympas, et pas trop bourrés. Parfois, il y a des gens qui montent sur scène juste pour se montrer, et ce n'est pas cela qu'on veut. Mais si les gens veulent faire partie du truc, pas de problème.
// Est-ce que tu connais le nom du Président Français ?
EMANUEL : Euh... Vous savez, hier, j'ai oublié le nom d'une fille du groupe lorsque j'ai présenté tout le monde au public... J'ai des problèmes avec les noms, en fait... Je connaîtrais son nom si je le rencontrais ! C'est embarrassant !
// Est-ce que tu peux trouver un titre à cette interview ?
EMANUEL : Euh, un titre ? ... ... ... Donnez-moi une minute. J'adore donner des titres aux choses, c'est cool, alors... ... ... ... Peut-être quelque chose à propos des problèmes avec les noms et l'alcool !
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I'M FROM BARCELONA.
album Who Killed Harry Houdini? (EMI)
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