ASTROPOLIS 2010
LIVE REPORT
30 & 31JUILLET2010
BREST
Retour sur l'évènement électronique français majeur de l'été : le festival Astropolis. Trois jours éprouvants mais riches de découvertes d'un style dont on n'était pas forcément friand auparavant, et qui a largement réussi à nous combler en un week end.
VENDREDI 30 JUILLET
On apprend en arrivant à la Carène vers 23h que la soirée affiche complet. C'est officiel : les festivaliers ont bel et bien envahi Brest, son port, sa pluie et sa grisaille. Au grand dam des jeunes catholiques, on imagine. La salle de musiques actuelles de la ville s'est reconvertie durant cette deuxième soirée d'Astropolis en repère d'amateurs de musique électronique. L'audience est jeune, et les vêtements pas mal fluos. Ce soir tout spécialement, car messieurs Yuksek et SebastiAn, qui ne sont plus vraiment à présenter, sont à l'affiche, accompagnés de We Are Enfant Terrible et du duo anglais quelque peu ovni de la soirée, Fuck Buttons.
Les programmateurs d'Astropolis se sont visiblement amusés avec les horaires de passage des groupes. Caler Fuck Buttons entre Yuksek et SebastiAn, c'est quand même osé. Voire risqué. Et difficilement compréhensible, mais soit. Pour avoir déjà vu les deux anglais en live, on sait que les boules quiès sont, non pas souhaitables, mais indispensables sous peine de risquer de perdre quelque chose comme 60% de ses capacités auditives. Ce serait quand même dommage. En effet le groupe joue fort, très fort, et souvent à base de sons stridents, donnant au final quelque chose comme une electro noise assez novatrice. Mais cela ne rend pas leur musique moins hypnotique, à l'image de leurs performances live, qui transportent littéralement ailleurs avec un grand A. Le contraste Yuksek/Fuck Buttons ne plait visiblement pas à tous, puisque la salle est bien moins pleine pour le groupe anglais que pour le dj français trente minutes auparavant. C'était prévisible, et ça n'en est pas moins plaisant, car des pogos sur la musique de Fuck Buttons, certes violente, auraient malgré tout été totalement inappropriés, et pas vraiment souhaités non plus - il doit faire 45° et on a déjà assez sué sur Yuksek.
SebastiAn, ou l'homme qui fumait trois paquets de clopes par set, est quelque peu passé à la trappe. Au même moment, on s'occupait d'entretenir nos propres cancers du poumon, tout en regardant les vigiles essayer de choper des mecs audacieux qui avaient tenté de frauder pour entrer à la Carène sans payer, en passant par les arbres donnant directement sur la cour arrière de la salle. Astropolis option accrobranche, risqué.
Pas d'Astroclub, la faute aux copains n'ayant pas acheté leur place pour La Suite. Dommage. Mais les soirées pendant Astropolis réservent beaucoup de surprises et sont loin de se terminer si tôt (4h), et heureusement.
SAMEDI 31 JUILLET
L'arrivée au Manoir de Keroual se fait au beau milieu du set de Busy P, aka Pedro Winter, ou encore monsieur Ed Banger, un temps considéré comme le parrain de l'électro française après avoir en quelque sorte révélé Daft Punk. Bon, la réputation met la barre très haut. Mais, à peine arrivé à Keroual, on n'est pas tellement interpellé par le set du parisien, plus par le décor de l'endroit, particulièrement captivant et réussi (des boules à facettes savamment organisées sous forme de galaxies, des lampes un peu partout, et le tout au milieu des arbres rend le décor somptueux). Il est vrai que l'aspect visuel d'un show est indissociable de la musique électronique, et Astropolis est là pour nous le rappeler.
2h, il est temps de se diriger vers la scène de La Cour où Danton Eeprom -soit l'une des révélations des TransMusicales 2009, ainsi qu'un des meilleurs live- s'apprête à passer derrière les machines. La barrière est encore accessible, et le public alors assez peu nombreux sur place sait ce pour quoi il est là : un set intense, chargé en rythmes lascifs dont les accents sensuels captivent les sens. Une heure trente de parade quasi magnétique dont personne ne sortira indemne, la recette parfaite avant la suite des festivités. Merde, on a loupé Tiga. Tant pis; ce qui suit est simplement immanquable, et quitter le premier rang serait de toute façon suicidaire.
Un peu avant 3h30, l'ambiance côté public change radicalement et c'est soudain l'arrivée massive d'un public majoritairement brusque qui désarme les personnes déjà sur place. Pas de doute, c'est bien Paul Kalkbrenner qui est sur le point d'entrer en scène. Et l'allemand ne failli pas à sa réputation en livrant un set que beaucoup considèreront comme le meilleur du festival, tout simplement. A un détail près, mais pas des moindres : un remix douteux d'un titre de Stromae, ancien rappeur belge contestable reconverti dans une sorte de mélange entre hip hop et électro. Sur le moment, la scène est tout simplement inimaginable et l'on se persuade que nos oreilles nous jouent des tours, fatigue à l'appui. Malheureusement non. (Paulo est un peu borderline, en témoigne son récent remix de Rammstein. Certes. Mais Stromae, quand même...) Bon, il parvient tout de même à se faire pardonner en enchaînant avec une version majestueuse de Aaron, puis plus tard un Sky And Sand d'apparence interminable, pour le plus grand plaisir de tous, marquant par la même occasion l'apogée du set. Entendu de la bouche d'un ami : "alala le Sky And Sand il a au moins duré la moitié du concert !" Bon, peut-être pas si long, tout de même. A notre grande surprise, il n'y aura pas eu de lancer de maillots de foot - info ou intox : on nous avait dit que c'était une spécialité Kalkbrenner...
Pardon à Mathew Jonson, mais après l'effervescence Paul Kalkbrenner, une pause ré-hydratation et repos des membres épuisés s'impose. Un tour de manège, un peu moins, après réflexion. Note pour l'avenir : éviter les manèges à sensations fortes à une heure trop avancée de la nuit, un troisième soir de festival qui plus est. Bonjour les hauts-le-coeur.
5h20, une foule compacte s'est amassée devant la scène de l'Astrofloor, où Brodinski a commencé à mixer. Les jeux de lumière qui accompagnent le dj sont impressionnants, hypnotiques, captivants, autant d'adjectifs que l'on ne peut malheureusement pas attribuer au set de Brodinski au niveau musical, décevant dans l'ensemble, facile, et sans grande cohérence. Bon, on va être beaux joueurs et dire que c'est sûrement nous qui n'avons pas su apprécier ce moment à sa juste valeur, un peu désarmés par la fatigue qui commençait à se faire sentir de plus en plus. Le reste du public (raveurs, hippies, jeunes, vieux, types en plein trips, types déguisés, bref, de tout sauf de la jeunesse catholique) a eu l'air d'apprécier.
7h, la fatigue accumulée de trois jours de festival nocturne nous contraint à rendre les armes. Peu de monde est encore sur place ; la majorité se partageant entre les derniers irréductibles ne voulant se résoudre à rebrousser chemin avant que le dernier dj ait fini de mixer, et une bonne dose de cadavres jonchant à même le sol, bercés par la fine pluie brestoise qui commence alors à s'abattre doucement mais sûrement (pour la énième fois du week end). Mais le temps n'aura en rien joué en la défaveur de cette édition d'Astropolis, au final davantage raveur que hippie, comme l'on s'y attendait.
Photo crédits : Le Télégramme
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