DIRTY CLUBBER

BEN ET BÉNÉ
INTERVIEW
22JANVIER2010
RENNES, INSA
ROULEMENT DE TAMBOUR

Ne vous méprenez pas, l'image ci-dessous ne reflète absolument pas la réalité. La meuf de Ben et Béné n'est pas blonde, et surtout ils roulent en renault 21 (et encore, c'était même pas la leur). En fait, j'avais juste pas envie de prendre une photo, c'est donc Elodie du groupe qui s'en est chargée, pendant que Yann et moi on commençait gentiment à s'enfiler des bières. C'est lui d'ailleurs qui, dernièrement, m'a le mieux résumé le concert, "C'était bien le chaos à cette époque là...".
Au final, cette petite phrase dépeint fidèlement l'ensemble de cette dernière soirée du festival Roulement de Tambour. Seule exception, cette petite interview qui s'est déroulée plutôt calmement, calme qui ne présageait en rien de la suite des évènements.






STAGE INVASION : Salut Benoit, salut Bénédicte…
YANN : Eh non, on s’appelle Yann et Elodie et euh… pourquoi ce nom, c’est ça ?
// Ben ouais.
YANN : En fait c’est un copain et une copine qui s’appelaient comme ça et qui étaient tout le temps ensemble, il y a longtemps, avec qui Elodie avait fait des études.
ELODIE : C’étaient deux personnages qui avaient une image assez emblématique, et le fait qu’ils s’appellent Ben et Béné ben... on leur a piqué leurs noms et on est devenu eux, enfin on essaie mais on est pas encore assez... assez je sais pas quoi. Mais c’est de là que vient le nom, tout simplement.


// Yann, tu faisais du punk avant, comment t’en es arrivé au 8 bit ?
Y : En fait j’ai été dans plusieurs groupes qui splittaient au bout d’un an à chaque fois, je me suis tourné vers la musique par ordinateur il y a dix ans, j’avais une carte son vraiment cheap et je commençais à aimer ces sonorités lo-fi. Et puis 3-4 ans plus tard je me suis rendu compte qu’il y avait moyen de faire de la musique avec une Gameboy etc.
Et puis sinon j’avais une connexion avec le punk/rock, le lo-fi américain, Pavement, Granddaddy avec les sonorités au clavier assez cheap et voilà.


// Beaucoup d’artistes 8bit viennent du punk quand même...
Y : Déjà dans la démarche il y a quelque chose d’un peu punk.
E : Il y a le côté urgence qui rapproche les deux styles.
Y : Les sonorités assez brutes aussi. Je sais pas trop non plus comment étaient les vrais punks après...
E : Mais c’est vrai que dans le style, la démarche dans tout ce qui est tournée etc. il y a des similitudes. On a pas mal tourné avec des artistes 8bit qui ne viennent pas forcément du punk mais c’est vrai qu’il y a cet esprit là, « on y va on fait des concerts, on s’éclate, fait à l’arrache ». Après, dans le 8bit il y a pas mal de styles différents, et de gens qui viennent pas forcément du punk, mais il y a un rapprochement dans l’intention.
Y : La 8-bit c’est un bon compromis entre une électro un peu clubbing super lisse et quelque chose de plus rock abrasif.


// Il y a deux ans vous avez sorti Trip To Trip, genre concept album. Vous aviez pas peur de faire un truc un peu foireux, non parce que généralement les concepts albums ça craint...
E : On avait pas peur de faire un truc foireux !
Y : On n’a pas trop réfléchi...
E : En fait c’est le label Da Heard It Records qui diffusent de la musique en libre service et qui nous avait demandé de faire quelque chose. En fait à la base dans Ben et Béné je fais de la vidéo, on a trouvé intéressant de travailler sur la musique et la vidéo et donc de sortir quatre titres avec quatre vidéos. Toujours dans l’esprit lo-fi/punk, travailler sur le voyage, la route quoi, et on s’est pas posé de question, on l’a fait parce qu’on en avait envie.
Y : On venait de faire plein de concert, moi je composais pas mal pendant les voyages et voilà quoi.
E : Tout ce qui est visuel, la photo et la vidéo, c’est des médias qui nous intéressent beaucoup et qu’on essaie de travailler, et c’était surtout naturel, on a pas pensé au concept album, même si ça fait plastique.


// D'ailleurs vous semblez pas mal attachés à cette idée de diffuser de la musique gratos.
Y : Pour nous il y a vraiment eu tellement d'abus dans le business de la musique, c'est une façon de changer la manière d'utiliser la musique.
E : Et puis c’est ce qui nous a fait connaître aussi, on diffusait notre musique sur notre site internet, ça nous a permis de tourner. Pour nous c'est un développement naturel de la musique.
Y : C’est vraiment le meilleur moyen de le faire écouter au plus grand nombre.

// Ça prouve aussi que la thune est pas la première motivation.
Y : Voilà, c’est pas la démarche. Le principal c’est de s’exprimer et d’avoir envie que des gens écoutent ton truc.
E : Si on avait attendu quelqu’un pour nous payer un album... Yann il a fait des morceaux, il avait envie qu’on les entende et on les a diffusé. C’est bien que des gens diffusent leur musique gratuitement, tu peux toujours aller t'acheter des disques après. De toute façon les vrais amoureux de la musique ont toujours envie d’acheter le disque, d’avoir l’objet dans la main... Peut-être que ce sont même les derniers disques que l'on verra !


// En parlant de thunes, vous êtes pas à la ramasse mais j'imagine que c'est pas non plus la grande vie. Vous devez bien avoir des jobs à coté ?
Y : Moi j’en ai plus depuis un moment, alors c'est des petits boulots de temps en temps.
E : De toute façon on gagne pas assez pour vivre à deux dessus, peut-être assez pour un, et encore.
// Ouais, il existe donc une vie sans gameboy à coté.


// Et sinon vous avez des trucs de prévus pour cette année ?
Y : On doit faire un album depuis euh...on doit faire un album ! Je suis en train de le finir, il reste du fignolage à faire.
E : On a fait beaucoup de concerts ces deux dernières années et on a pas eu le temps de trop se poser. On prend notre temps, on va dire fin 2010, ça devrait être bon ! On a sorti beaucoup d’EPs homemade et là on veut faire un truc un peu plus poussé.


// Alors comme ça Élodie t’as fait les beaux arts ? C'est toi qui gère tout le côté visuel j'imagine.
E : J’ai un peu abandonné la vidéo depuis quelque temps, mais là 2010 le grand projet c’est de m’y remettre. Avant il y avait toujours de la vidéo sur nos live et là j’ai un peu lâché l’affaire... mais je vais y travailler sérieusement !

// Parfait, pour le prochain album.
E : Et ouais, 2010 c’est la grande année Ben Et Béné !
// Classe vos pochettes d'ailleurs.
E : Ah cool, j’ai pas fais ça pour rien !
Y : Ah ben tu vois !


// Ça vous fait marrer quand des mecs viennent foutre la merde sur scène ?
Y : Ouais carrément !
E : Ça nous pose pas de problème...
Y : Enfin bon, j’ai toujours un peu peur pour mon ordinateur quoi. La première fois que j’ai vu ça c’était dans un festival et j’avais trouvé ça magique. Par contre on se fait piquer des trucs généralement, des accessoires...
E : Ah ouais, on a un peu la poisse là-dessus. D’ailleurs en Bretagne c’est la région !

// On essaie de diffuser le concept et puis on met des coups de pression au groupe en disant qu’on a bien reçu le message, et que ça va chier quoi.
E : Bon alors toi, je te surveille.


// Maintenant, trouvez moi un titre pour l'interview.
E : Ben attend, on peut se revoir dans une heure ?
// Dans quelques bières ouais.


Finalement, le titre est arrivé bien plus tard, quand on était tous à peu près torché.
Concernant l'album, il sortira finalement d'ici un mois, il y a de fortes chances qu'on vous en reparle ici.