"JE SUIS VAIN CAR JE SUIS IMPARFAIT." PETER DOHERTY






Beaucoup de gens croient encore que Peter Doherty n'est que le fruit des tabloids de par ses frasques liées à la drogue, à la justice, ou à ses liaisons avec des supermodels. Le résultat d'un phénomène de mode trash dont s'est emparée notre société voyeuse. Ces gens ne prennent pas le temps d'aller voir plus loin. Il faut parfois privilégier le talent à la réputation. Contrairement à la majorité des starlettes dont tout le monde connaît les noms, sans talent ni intérêt aucun, Peter Doherty, lui, sait se servir d'un crayon et d'une guitare, et il lui en faut peu pour faire des chansons qui seront -et qui sont parfois déjà (cf les groupes dans lesquels il a exercé)- des hymnes pour toute une génération.

Ne vous attendez pas à retrouver dans cet album l'électricité des Libertines ou des Babyshambles, ancien groupe et groupe actuel, car vous serez déçus. Avec ce premier album, Doherty nous embarque dans son monde imaginaire, que lui-même appelle Arcady. C'est un mélange de pureté et de crasse, de larmes et de sang, d'harmonicas usés et de cordes de guitare cassées, mais surtout de profonde candeur. On retrouve l'esprit brouillon des multiples sessions acoustiques que le musicien a enregistrées par le passé, mêlé à une justesse musicale rare.

Cet album serait-il une sorte de thérapie ? Prenons Sheepskin Tearaway, au hasard. Une fille qui ouvre son coeur à un type couvert de cicatrices et rempli d'héroïne, tiens tiens, on a déjà vu ça quelque part. Les paroles, puisque authentiques, en viennent à être bouleversantes. Voilà ce qui fait de Doherty un parolier si rare et si précieux ; la façon dont il se sert de ses chansons d'exutoire, le tout sublimé de poésie.

Grace/Wastelands ressemble tout simplement profondément à son auteur : simple, authentique, acoustique. Ces chansons viennent du plus profond de l'âme, du coeur, d'une bouteille de whisky ou d'une seringue d'héroïne, on ne sait pas, ça n'importe que peu, Lady Don't Fall Backwards s'apprête à finir, et on a juste pas envie que ce moment de précieuse douceur s'arrête. Après tout ça, on a envie d'embrasser à nouveau son premier amour, de pleurer, de s'ouvrir les veines, de jouer de la guitare sous la pluie, de danser dans une rue bondée en pleine journée, tout un tas d'émotions assez diverses qu'on n'explique absolument pas, mais on ne reste pas insensible.

Alors, est-ce que l'amour pousse désormais dans les arbres ? Ce serait plus simple, mais on ne sait pas. En revanche, Grace/Wastelands est-t-il l'un des albums incontournables de cette année ? Dans la lignée d'un Elliott Smith, d'un Léonard Cohen, voire même d'un Dylan ; oui, certainement.


Peter Doherty // Grace/Wastelands
16 mars // (Parlophone)



1 commentaires:

Claire a dit…

Splendide critique. Voilà tout le bien que je pense de Pete. Du sang et des larmes, de la pureté et de la crasse, de la candeur...